4 mai 1897, ce qui devait être un événement mondain parisien inoubliable se transforme en un carnage terrible. Alors que duchesses, comtesses, baronnes et princesses sont réunies pour une vente de charité, un incendie se déclare. Le Bazar de la Charité devient alors l’enfer de ces femmes dont plus d’une centaine mourront et dont d’autres sortiront avec des séquelles physiques et psychologiques inguérissables.


C’est de cet événement que Gaëlle Nohant s’empare en s’attachant à deux destins totalement bouleversés par ce drame. Récemment veuve, Violaine de Raezal a réussi à participer à cet événement grâce à la duchesse d’Alençon qui a accepté de l’accueillir au comptoir qu’elle tient. Avec elles, la jeune Constance d’Estingel qui vient de rompre ses fiançailles. Ces trois femmes seront bientôt prises dans le brasier. Violaine et Constance en échapperont, mais elles en conserveront des séquelles terribles. Leurs destins semblent alors irrémédiablement liés et elles devront composer avec les conséquences de cette catastrophe.


C’est peu de dire que j’ai dévoré ce livre ! Gaëlle Nohant a construit une véritable épopée romanesque digne d’un feuilletoniste du XIXème siècle. L’intrigue est habilement menée, les personnages attachants et bien campés et cela vaut aussi pour les personnages secondaires.


Ce récit met en scène des femmes fortes mais prises dans les rets d’une société dirigée par des hommes et qui voient leur liberté constamment bafouée. Violaine traine derrière elle une réputation sulfureuse alors qu’elle n’a été que la victime d’un homme peu scrupuleux. Constance verra son indocilité punie par un enfermement en hôpital psychiatrique. Avec tout ce que cela signifie de terreur à cette époque où une femme pouvait être diagnostiquée hystérique à la moindre velléité d’indépendance. Même l’irréprochable duchesse d’Alençon a dû composer avec les codes de son monde et abandonner sa liberté.


Mais leur force de caractère, le lien qui se crée entre ces femmes et leur solidarité vont leur permettre de lutter contre une forme d’oppression sournoise et hypocrite. Si Gaëlle Nohant se plaît à nous conduire dans les salons feutrés de l’aristocratie, elle n’oublie pas non plus de nous décrire les plus humbles, personnel de maison ou ouvriers victimes de la pauvreté et de la maladie, notamment la tuberculose qui décime les familles.


Un roman passionnant qui donne un aperçu très vivant de cette fin du XIXème siècle à travers une intrigue et des rebondissements captivants.

Christlbouquine
8
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le 23 nov. 2020

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Christlbouquine

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