Les livres de Stephen King écrits sous le pseudo vite éventé de Richard Bachman ont la réputation d'être moins bons car pas orientés specialement vers le fantastique. Le postulat n'est pas sans fondement selon les bibliographies des deux versions du même écrivain. Ça fait longtemps que j'ai ce livre et que le résumé au dos m'intrigue tant cette réference à une malediction gitane me parait contradictoire avec la production habituelle du sieur Bachman. Je n'avais pas franchi le pas jusqu'à présent et maintenant que je l'ai fini je me dis quel bon bouquin ! L'an dernier même constat avec un autre de mes livres de sieur king qui prenait la poussière depuis un moment : Charlie. Bon revenons à La peau sur les os puisque c'est l'objet de ma critique. N'y allons pas par quatre chemins, ce livre m'a plu d'abord par son point de départ que je trouve très original, simple et efficace. Si j'avais des envies de devenir écrivain je rêverais de trouver un sujet comme celui-là, qui fleure bon l'évidence en ce qu'il ouvre des perspectives romanesques et des rebondissements à l'envi. La prise ou la perte de poids est un sujet universel, unisexe, intemporel. C'est également le cliché éculé que l'on porte sur les américains et la malbouffe. Bref un bon point de départ. Cet aspect est bien développé dans le récit et le chapitrage astucieux apporte beaucoup à la mise en branle du compte à rebourd qui amène la notion d'urgence. La partie qui m'a plus ennuyé est le jeu de piste quoiqu'avec le recul cela participe efficacement à ce qui suit sur l'introduction du nouveau rapport à l'épouse et aux méthodes crapuleuses de l'homme de main. Et contrairement à beaucoup de chutes dans les romans de Stephen King, cette fois j'ai trouvé celle-ci parfaite et bien amenée alors que souvent je reste sur ma faim (... elle était facile...) sur cet aspect. A l'opposé King propose souvent dans ses romans fleuves de très bons antagonistes. C'est également le cas ici où le vieux gitan semble avoir de véritables dons et une solide motivation à se venger du héros. Comment convaincre un être si redoutable, et qui n'a rien à perdre semble-t-il, de lever le maléfice ? Quel levier actionner pour le faire plier alors que le héros s'en est sorti pénalement à peu de frais après avoir commis (par négligence) un acte pour le moins condamnable ? King place habilement le lecteur dans une position de dilemne moral. Le héros vit d'ailleurs un cheminement rédempteur du début à la fin de l'ouvrage. C'est en particulier intéressant de voir le sort réservé à ses infortunés "complices" résignés et campés sur leurs principes haineux. Enfin Stephen King joue tout du long sur le fil avec la description des gitans où on oscille entre préjugés et clichés. Pendant toute la lecture, je me suis demandé si les lecteurs d'il y a trente ans ont pu trouver cela borderline, ou si c'est notre frilosité et notre repli sur soi actuel pour tout ce qui à trait au communautarisme qui me mettait mal à l'aise. Etrange de parler de frilosité sur des sujets aussi brulants de l'actualité. Néanmoins, ici cela passe quand même puisque King parvient à équilibrer le propos dans la durée. Quand les citadins américains et les autorités au sens large évoluent entre mépris, rejet, et facination à l'égard de cette population intinérante, l'auteur contrebalance, en même temps que son intrigue avance, en humanisant les gens du voyage en en faisant AUSSI des victimes sur la défensive.
Pour conclure, disons que je suis ravi que l'excellente idée de départ tienne la distance, et ait été bien exploitée sur la durée. Ce livre bien construit amène finalement à une réflexion plus large sur les a priori et se révèle très moral. Un très bon Stephen King, même sous pseudo.

Créée

le 1 nov. 2016

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