Première oeuvre de Steinbeck qui m'est donnée à lire, et je dois avouer que la première chose qui frappe, du moins vis à vis de cette nouvelle, c'est la capacité de l'auteur à instaurer une atmosphère. Par ailleurs, l'atmosphère semble être l'un des grands thèmes du livre, manifestée à travers les multiples chansons (de l'amour, de la famille, du mal, de l'ennemi) que le héros, Kino, se met en tête à chaque nouvel élément de sa vie.
La Perle est une nouvelle, autrement dit une courte histoire au sein de laquelle Steinbeck développe une idée à travers l'histoire de cette famille d'indiens de Californie, au début du XXe siècle, dont la vie va se révéler chamboulée après la découverte d'une perle inestimable. Cette perle qui semble à la base être source de richesses et de prospérité va se révéler à double tranchant et le récit s'articule assez rapidement, dés les premières pages à vrai dire, autour d'un fatalisme tragique dont la thèse, bien qu'elle semble manichéenne et assez redondante vue de notre époque, reste plus que jamais ancrée dans la réalité et nous rappelle plus que jamais les conséquences d'un matérialisme intégré de force dans une communauté basée sur la faiblesse de la possession matérielle et la grandeur de l'âme.
En somme, malgré le peu de nuances de ce point de vue là, Steinbeck oppose deux clans, celui des indiens et celui de la ville, celui des capitalistes (profiteurs) et celui des survivants (victimes de ce système et qui en subissent les conséquences), en somme ceux qui possèdent physiquement, et ceux qui possèdent psychiquement.
Cette importance du psychisme, de l'émotion, du sentiment et de la richesse intellectuelle est manifestée par les longues descriptions du lieu de vie (le Golfe) des indiens, les multiples levés et couchés de soleil, la profondeur de l'air frais du matin, le lecteur est directement plongé dans cet univers et plus la perle prend de l'importance dans le récit, plus la gangrène matérialiste prend le pas et coupe le lecteur et la famille de tout espoir.
En somme, La Perle est une nouvelle qui développe un "trio" de personnages extrêmement attachants, humains avant tout, dépassés par une possession plus grande qu'eux, pour qui la plus grande malédiction semble être l'arrivée de cette perle, eux qui pensaient être sauvés de leur pauvreté grâce à ce seul objet alors que la véritable richesse était présente dans leurs foyers depuis le départ.
C'est une critique à chaud, quelques minutes après la lecture du livre, beaucoup d'autres choses peuvent être dites et analysées. C'est une nouvelle que je conseille, prenante, dont le seul bémol selon moi étant qu'elle est peut-être un peu bridée dans son propos (120 pages c'est très court).
A lire tout de même !