La nausée mais en mieux....

Lu en Décembre 2019. 8/10
La Peste est un très bon livre. Néanmoins, je n'ai pas retrouvé la sobriété qui m'a tant plu dans l'étranger, le tout est un peu laborieux et il est assez difficile de rentrer dedans. Ce narrateur est difficile à dissocier des dialogues des personnages, ils sont nombreux et on a pendant une bonne moitié du livre de la peine à les assimiler. Et c'est aussi le tour de Force de ce bouquin, au dernier tiers du roman, chacun d'eux est caractérisé et chacun d'eux est intéressant. On s'identifiera d'abord à Rieux, personnage principal

Figure de l'athée sans espoir de connaître le bonheur mais qui sans savoir réellement pourquoi, aide les autres autant qu'il le peut et au péril de sa vie. Cottard aussi est particulièrement intéressant, genre de petit mafieux magouilleur qui se plait dans ce monde de peste et qui finalement semble ne jamais avoir été heureux. Contrairement à Rambert, Tarrou, ou même Paneloux qui - malgré la mort des deux derniers - connaîtront chacun un bonheur à leur façon. L'ambiance dans la ville d'Oran est aussi superbement retranscrite, on s'y croit et j'ai l'impression de me faire une véritable idée de la ville. Il semble que la peste soit une analogie à la montée du nazisme, chose que j'avais bien sûr imaginé mais il me semble que cette mise en quarantaine d'une ville et donc d'une communauté, cette montée d'un mal inarrêtable et un soutien entre les hommes qui se consolide malgré une société détruite ; est la représentation générale de la foi en l'humanité, peu importe la catastrophe.
En bref, ce roman est une fois de plus une pépite dans le message et dans le fond. Je reproche simplement un style un peu moins "facile" que dans d'autres œuvres majeures de l'écrivain, style et narration qui fait penser à La Nausée, en moins laborieux heureusement.

"Allons, Rieux, vous savez aussi bien que moi ce que c'est. [...] - Oui Castel, dit-il, c'est à peine croyable. Mais il semble bien que ce soit la peste"
"Non dit Rambert avec amertume, vous ne pouvez pas comprendre. Vous parlez le langage de la raison, vous n'êtes pas dans l'abstraction"
"Puisque l'ordre du monde est réglé par la mort, peut-être vaut il mieux pour Dieu qu'on ne croie pas en lui et qu'on lutte de toutes ses forces contre la mort"
"Sa seule tâche, en vérité, était de donner des occasions à ce hasard qui trop souvent ne se dérange que provoqué"
"Mais qu'est ce que ça veut dire, la peste ! C'est la vie voilà tout."
"Maintenant je sais que l'homme est capable de grandes actions. Mais s'il n'est pas capable d'un grand sentiment, il ne m'intéresse pas. "