Ce qui suit n'est pas plus une critique du roman que l'histoire de ma vie avec quelques considérations qui tournent autour de l’œuvre, mais qui je trouve se devaient d'être dites.


Episode 1 : Le lycée


Je pense faire partie de ces premiers jeunes qui ont eu accès à la littérature dite young adult, et dont l'amour pour les livres est né très tôt avec Harry Potter. Il me semble que c'était assez différent pour la génération du dessus sont les lectures d'enfance s'apparentaient plutôt à Alexandre Dumas ou Jules Verne, soit une certaine frange de la littérature française classique.
Depuis la classe de CP, j'ai alors été un gros lecteur jusqu'à la période du lycée. Dans ce genre d'établissement, les cours dits de français se transforment en quelque sorte en cours de littérature française. Les "classiques" qu'on nous y donne à lire faisaient alors pâle figure face à la puissance de l'imaginaire développée dans la littérature young adult. Ces cours m'ont clairement dégouté d'une bonne partie de la littérature pour un bon bout de temps. La palme revenant en particulier à deux romans : Désert (JMG Le Clezio, porte bien son nom) et La princesse de Clèves.


Episode 2 : Le théâtre


10 ans après, la rancune envers mes profs de français s'est effacée, et je me suis remis à lire doucement en m'approchant à petits pas de classiques (notamment par le biais de la littérature américaine dont on n'aura jamais eu vent en 20 ans d'études).
Une invitation arrive sur ma boite mail (Le diable devant en être le véritable expéditeur) pour venir voir une pièce de théâtre reprenant le texte intégral de La princesse de Clèves. Je me sens l'âme charitable et courageuse, et comme je n'ai rien à faire ce samedi, je me dis que c'est l'occasion de redonner une chance à ce roman que j'ai décrié pendant pas mal d'années, de plus en le réattaquant par le biais d'un medium différent du livre.
Je demande quand même conseil à un pote théâtreux qui me dit qu'il a adoré (hmmm, méfiance...)
Conclusion : Le texte était tout aussi nul que la première fois et de plus la mise en scène peu inspirée et la durée fleuve (à l'oral c'est plus long que quand on lit) ont fini de m'achever. Ca m'apprendra à ne pas avoir confiance en mon moi d'il y a 10 ans !


A méditer :


Le roman serait un des (le ?) premiers romans psychologiques. Alors on rentre peut-être dans la psyché des personnages, mais faudrait m'expliquer en quoi c'est supérieur aux feux de l'amour. Franchement, il y a des passages ou si on remplace Nemours par Jason et La dauphine par Samantha, on se croirait dans un soap américain, voire dans la parodie des inconnus. L'ultime preuve de ce ridicule, c'est que dans la pièce de théâtre, certains passages prêtent à rire (en tout cas le public rit) alors que l'empathie envers les personnages voudrait plutôt qu'on pleure. Cela montre clairement un décalage involontaire entre le fond de l’œuvre et l'effet qu'elle peut produire de nos jours.


Quel est l’intérêt de faire lire ce truc hyper daté à des lycéens ? Au niveau du fond, je doute que beaucoup s'y retrouvent. Et la forme est d'une platitude désespérante. Faudra que j'en discute avec un prof de français...


Pourquoi le théâtre attire les jeunes ? Je vais peu au théâtre mais je suis toujours estomaqué de voir la répartition d'âge des personnes présentes. Qu'est ce qui pousse deux fillettes de 10/12 ans assises proches de moi à aller voir une pièce de 8h adapté d'un roman d'il y a plus de 300 ans ? Pourquoi des lycéens et des jeunes sont dans ce théâtre mais pas dans la salle de cinéma ou je suis allé voir un film de Frederick Wiseman hier et où la moyenne d'âge était supérieure à 50 ans. Finalement, dans toutes ces considérations, c'est bien ça qui m'interdit le plus.

yhi
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le 4 nov. 2017

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