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An force de se faire taper dessus, il s’enfuit, prend un train qui l’amène à Londres et, tout aussi directement dans ce quartier qu’il appelle Chinatown. « Je suis l’un de ces gosses qui dorment à Leicester Square, Piccadilly Circus ou dans une rue adjacente. Même pas recroquevillés, juste crevés, étalé de tout leur lons dans des sacs de couchage qui sentent l’urine et la bière. Bienvenue à Chinatown. ».
Avec son compagnon d’infortune, il vit dans des cartons, « J’ai appris à dormir sans dormir et mes yeux se sont éteints ».
Pour fuir une pluie magistrale, il entre dans une boutique informatique et tombe nez à nez avec une affiche proposant un jeu de téléréalité: « La pyramide humaine ». Après moult hésitations, il s’y inscrit sur internet « Une demi-heure d’internet coûte le prix de trois hot-dogs. » Alors commence sa propre pyramide, tout s’accélère, tout peut changer.
Je ne vous en dirai pas plus pour garder le mystère.
Difficile de suivre le jeune homme à travers les mots de Caroline Solé. Cela va à cent à l’heure. Pas d’attendrissement sur sa vie de laissé pour compte, Christopher ne le veut pas et, puis, vivre dans ces conditions prend toute son énergie.
Beaucoup d’allers et retours, non pas en train, mais dans la vie du jeune homme. Il est parti, mais, certains soirs, les beignes de son père lui paraissent douces à côté de ce qu’il vit. Son frère, surtout, lui manque, comme leurs promenades dans la campagne environnante.
A travers ce court récit, Caroline Solé épingle les dérives de notre société ; la téléréalité, où, pour gagner, des êtres humains étalent leur vie privée, voire très privée pour gagner un instant de célébrité qui durera le temps de l’émission. Christopher parle de ses « amis » qui « like » son profil et le font monter dans la pyramide. Dualité entre ce besoin de connaître son fameux « quart d’heure de célébrité », les paillettes qui disparaissent au démaquillage et la vie sordide de ces miséreux, hommes, femmes, enfants, qui luttent pour ne pas crever dans la rue.
Une écriture nerveuse, rapide, sans fard pour ce livre
Livre lu dans le cadre du prix de littérature jeunesse, section baroudeurs, de « L’échappée lecture », organisé par la bibliothèque départementale de la Nièvre

zazy
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le 14 oct. 2016

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