Sagesse émanant de Dieu

Ce livre contribue à établir l'image de la Sagesse non pas seulement comme une vertu intellectuelle ou morale dont un humain pourrait se prévaloir, mais comme un véritable Esprit Saint, émanation directe de la Parole de Dieu.

Pas plus que les autres Deutérocanoniques, ce texte n'est contemporain du personnage évoqué dans le titre.C'est un livre tardif (Ier siècle avant Jésus-Christ), écrit à Alexandrie.

L'intérêt du Livre est de tenter une reconstitution d'un "sens de l'Histoire", exercice familier de toutes les religions, sectes, et modes de pensée tronqués et partisans: Dieu récompense les fidèles et punit les méchants dès l'origine du monde. Bossuet a repris cette idée pour rédiger son "Discours sur l'Histoire Universelle". L'attaque contre l'idolâtrie est assez parente de celle contenue dans la "Lettre de Jérémie".

Le juif alexandrin, imprégné de culture hellénique, qui a rédigé ce texte, a une attitude ambiguë envers l'épicurisme: certes, il ne faut pas repousser les plaisirs de la vie, mais pas question de s'en tenir à eux seuls ! Il insiste sur la croyance à l'immortalité (moins nette dans les parties anciennes de l'Ancien Testament) et à la justice d'outre-tombe. La description de l'esprit qui anime le monde rappelle la doctrine stoïcienne de l'âme du Monde (qui aura une postérité variée, du démiurge des Gnostiques jusqu'à Robert Fludd et Paracelse). La théorie de Platon sur la préexistence des âmes et la gêne de l'esprit dans son enveloppe charnelle se retrouve dans ce texte. Et le Shéol hébreu est remplacé par l'Hadès grec !

Le souffle rythmique de l'exposé sapiential fait de ce livre un beau moment de poésie. Le sens de la métaphore concrète, la conviction de la justice divine l'animent et lui assureront un succès considérable.