En voilà un joli livre. Le premier roman de Laetitia Colombani, avec ses thèmes qui sont loin d'être anodins, dégage paradoxalement un charme gracile qui va droit au coeur. Pour commencer, l'idée de départ est parfaite : réunir trois histoires, trois femmes, trois lieux différents du large monde. Smirta, Giulia et Sarah n'ont a priori aucun rapport entre elles sauf à tisser leur destin chacune de leur côté, ce qui formera à terme, on le devine, une tresse unique à partir de leur propre mèche. Le propos est largement féminin et féministe. Des trois histoires, la plus marquante est bien sûr la jeune femme indienne née dans la caste des Intouchables. Pour elle, davantage que pour les autres, il ne s'agit même pas encore de féminisme, mais bien d'émancipation, de résilience et de courage face aux traditions ancestrales érigées en vérité. Pour les autres, il s'agit de lutter contre le machisme, la maladie ou contre soi-même. Ce n'est pas non plus une mince affaire car il faut oser le combat ou au contraire savoir lâcher prise.
J'ai assez peu intellectualisé la lecture et donc suivi le ressenti des trois jeunes femmes au fur et mesure que leurs histoires se nouaient. Une forme de suspense a surgi de leurs drames et de l'épilogue à venir qui, en ce qui me concerne, n'a en rien été décevant. Le scénario de La tresse n'est pas tiré par les cheveux. La lecture est aisée, charmante et émouvante. Le style peu littéraire dégage une grande simplicité qui fait mouche. Peu de dialogues, mais de l'intériorité. Ce n'est pas du Flaubert, mais chaque mot m'a semblé à sa place, sans prétention et joliment exprimé.