Liesel Meminger apprend à lire, chaque nuit, avec son père adoptif. Les livres constituent pour elle une échappatoire à la dure réalité qui l'entoure, à la guerre qui fait rage dans le pays. Son intrépidité la pousse à voler des livres dès qu'elle le peut, pour notre plus grand bonheur, allant même jusqu'à en récupérer un dans les cendres d'un auto-da-fé. Le fait de lire un livre qui raconte l'exil d'une jeune fille dans les livres rend celui que nous avons dans les mains encore plus spécial.


Mais il est autre chose qui est merveilleux dans ce livre : ce sont les relations entre les personnages. Liesel s'adapte peu à peu à son nouvel environnement, à sa nouvelle famille et elle lie des liens particuliers avec les autres personnages de l'histoire : sa Maman, son Papa, son ami Rudy, la femme du maire, ... Dépeindre des relations sociales, sur un fond de Seconde Guerre Mondiale, les rend toutes aussi importantes et uniques les unes que les autres. De plus, nous ne sommes pas du point de vue des français, comme c'est souvent le cas dans les romans situés à cette époque, mais des allemands. Des civils allemands.


Au cours des pages, un nouveau personnage fait son entrée : Max, un juif qui se réfugie dans la cave de la maison. La relation entre Max et Liesel est tout à fait charmante et leur complicité est agréable à lire et à imaginer. Les moments où Liesel lui raconte, à sa manière, le monde extérieur qu'il ne peut plus voir ou sentir sont des pages de bonheur, qui nous font oublier pourquoi cet homme en est rendu à se cacher dans une cave, pourquoi Liesel ne peut pas être avec sa mère biologique, pourquoi les sirènes résonnent dans le village de plus en plus souvent.


Finalement, le lecteur se retrouve dans le même état que Liesel, enfermé dans une bulle, au point d'oublier le contexte, l'époque. Et puis, parfois, la guerre passe, fait un signe, menace d'éclater cette petite bulle si fragile.


En plus de raconter une histoire sublime, ce livre possède une particularité non négligeable : une narratrice quelque peu singulière. En effet, la Mort ne fait pas que projeter son ombre sur chaque visage : elle raconte l'histoire. Oui oui, vous avez bien lu, la narratrice est la Mort en personne. Et c'est tout simplement magnifique. Le fait de ne pas narrer l'histoire du point de vue de Liesel, mais de celui d'un narrateur externe, tout en lui attribuant une identité, est tout simplement ingénieux. De plus, cela nous permet de ne pas rester cantonné à Liesel, de rentrer dans d'autres maisons, d'apercevoir d'autres quotidiens. Finalement, c'est au village entier qu'on s'attache.


Ce roman est une pure merveille, peuplé de personnages attachants, avec une histoire ravissante et émouvante. Le choix du narrateur concorde si bien avec l'époque, et l'écriture est tellement fluide et poétique que ce livre fini par voler notre cœur. C'est comme une petite lumière dans une pièce noire, une lumière éblouissante qu'on ne peut pas quitter des yeux.


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le 18 mars 2017

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