Dans la lignée du 1984 d’Orwell, Damasio nous livre un premier roman percutant. Philosophique, politique et ouvertement militant, La Zone du Dehors nous invite à questionner les limites de nos « démocraties » occidentales, à travers le prisme d’une idéologie anar transposée dans un univers SF. Dans ce manifeste dense et rugueux, l’auteur nous livre avec ses tripes son hymne à la subversion, son hymne à la vie, son hymne à la « Volte ».
La Zone du dehors est un ouvrage riche et puissant, mais qui souffre selon moi de certaines faiblesses. C’est un livre dense, très dense, pour ne pas dire parfois trop dense. L’Histoire et les personnages sont souvent mis au second plan au profit de très longs discours philosophico-politiques, donnant ainsi parfois l'impression de lire un tract militant maquillé en roman. Le fait que Damasio nous propose ici un récit engagé n'est pas un mystère, mais tout est une question de dosage et de subtilité. Les très nombreux passages théoriques ont tendance à se répéter les uns les autres et à casser le rythme du roman, qui aurait sans aucun doute gagné à être plus court.
Si à mes yeux la Zone du Dehors n’a pas la maturité de la Horde du Contrevent, plus équilibrée, mieux rythmée, plus subtile, elle n’en reste pas moins un grand roman qui pousse à la réflexion. La singularité et la virtuosité de la plume de Damasio font mouche, et, malgré ses maladresses et ses longueurs, le diamant brut qu’est la Zone du Dehors nous offre de véritables moments de grâce.