Le dramaturge et homme de radio anglais Alan Bennett raconte ici vingt ans de cohabitation avec une SDF. En 1969, Miss Shepherd installe sa camionnette en face de chez lui, dans un quartier calme de Londres. Une camionnette dans un état aussi déplorable que sa propriétaire, dont c’est la seule demeure. L’arrivée de la squatteuse ne va évidemment pas plaire à tout le monde. Sommée par la municipalité de quitter les lieux, souvent embêtée par quelques vauriens, la vieille femme subit sans véritablement broncher. Dans un élan de compassion, Bennett lui propose d’installer son tas de boue dans son jardin. Elle ne le quittera plus jusqu'à sa mort, en 1989.

Au final, la charité de Bennett aura été bien mal récompensée. Tyrannique, ultraconservatrice, n’en faisant qu’à sa tête, d’une saleté innommable et passant son temps à se plaindre ou à proposer des projets d’émission foireux, la clocharde est une emmerdeuse de première. Vingt ans d’un quotidien houleux déroulés en quelques tableaux, en divers moments marquants, parfois drôles, le plus souvent anecdotiques et je dirais presque sans intérêt.

Oui, je l’avoue, je n’ai pas trouvé grand chose d’intéressant dans ce témoignage. Les petits épisodes s’enchaînent, relatant des échanges sans saveur, dignes de ceux que l’on pourrait tenir avec son voisin (même si je ne souhaite à personne d’avoir une voisine comme Miss Shepherd !). On sait finalement très peu de choses sur elle, ce qui donne à ce portrait un désagréable coté superficiel. Je me suis interrogé sur le but d’un tel témoignage, que je n’ai à aucun moment trouvé touchant. J’en suis même venu à me demander si l’auteur ne voulait pas simplement passer pour un bon samaritain auquel chaque lecteur devrait dresser des lauriers, mais je ne pense sincèrement pas que ce soit le cas. Heureusement, un post-scriptum rajouté cinq ans après la première publication nous en apprend beaucoup plus sur la vie de Miss Shepherd avant qu’elle ne tombe dans la marginalité. C’est, et de loin, la partie la plus attrayante de l’ouvrage.
jerome60
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le 20 avr. 2014

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