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Si pour moi, ça a été la Sainte Trinité Iggy / Lou Reed / Bowie, la vie de Christophe (pardon David) aura été sauvée par les Who. La différence est insignifiante, pas plus grande que celle entre Château-Thierry et une petite ville du Morvan par exemple. Mais bien sûr, comme la vie est chienne, ce qui nous sauve est aussi ce qui nous perd : nous n'aurons échangé la dissolution dans l'ennui et (ce que nous jugions être) la médiocrité que pour les tourments de l'incompréhension et du rejet... un deal pourri, mais dont nous restons curieusement, imperturbablement, fiers. Et même quand la vie nous aura montré que nos idoles ne mesuraient pas grand chose à l'aune de nos rêves, nous ne pourrons que continuer à penser que nous avions raison. Que c'était bel et bien une question de survie. Voilà de quoi parle - et très bien, avec beaucoup de justesse dans sa légèreté - "la Double Vie de Pete Townshend". Le (premier) livre de Sainzelle commence un peu comme celui de François Bon sur les Stones, par le passage de météores dans la Province française, qui changera définitivement une vie. Mais il bifurque vers la chronique de tourments familiaux qui pourront rappeler ceux de "Eddie Bellegueule", traités par contre avec un humour élégant qui en fait tout le sel. Ce court roman d'une jeune vie se dévore en quelques heures, et distille en nos veines plaisir et poison mêlés : la marque des lectures qui comptent. Maintenant, Sainzelle parlera-t-il aussi bien à l'oreille de ceux qui n'ont pas vécu pareille expérience (mon blouson à moi était en poils de chien...) ? Je ne sais pas, et je m'en moque un peu. Je suivrai dorénavant le travail de Sainzelle, qui une fois débarrassé de ses "défauts de jeunesse" (le recours inutile au fantastique au début du livre, peut-être aussi un excès paradoxal de légèreté alors que son sujet est potentiellement puissant, quelques petites maladresses d'écriture çà et là) pourrait bien devenir un compagnon de route. [Critique écrite en 2017]

Eric-BBYoda
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Créée

le 11 mars 2017

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