La note, comme la critique, ne concernent que le récit "Le peseur d'âmes".


Le peseur d’âmes est un roman court de 1931. Son auteur est André Maurois, Le peseur d’âmes est un de ses rares ouvrages de science-fiction, et quand on consulte la biographie de l’auteur on s’aperçoit qu’il s'agit d'un récit très autobiographique.


Le titre, Le peseur d’âme ne fait pas référence à Osiris, mais aux expériences (réelles) de Duncan MacDougall, médecin américain qui prétendait avoir pesé le poids d’une âme.


Dans ce livre le narrateur, qui a partagé les difficultés de la première guerre mondiale à Ypres avec un régiment anglais, retrouve un ami de cette époque lors d’un séjour à Londres. Cet ami, médecin, pratique des expériences sur les malheureux qui décèdent dans l’hôpital où il exerce. Le narrateur va se retrouver embarqué dans ces expériences et découvrir petit à petit les motivations de son ami.


La qualité d’écriture est là, le récit est intéressant et l’auteur nous fait partager sa culture des sciences occultes, le mesmérisme, qui influencera la psychologie mais aussi mènera à l’hypnose et au spiritisme, la théorie de l’od par le baron Karl Ludwig von Reichenbach, et bien sûr la pesée des âmes. Il nous parle également d’Hamlet de Shakespeare et fait même un lien entre cette pièce et les sciences occultes.


Aussi peu scientifique soit donc cette notion de poids de l’âme, elle existe au sein d’un corpus de pseudo sciences plus vaste, que l’auteur maîtrise bien, ce qui amène une certaine richesse à son récit.


Il y a de la tension tout au long du roman, et on se sent prêt à basculer dans l’horreur à tout moment. Que ce soit le médecin, son assistant, la science elle même, tout rend le lecteur assez inconfortable, bien qu’on ait du mal à pointer un évènement en particulier pour dire que ça va trop loin. La question de l’éthique se pose pour cette science, comme elle se posa pour la médecine car si le but est noble, les expériences, effectuées dans un domaine où rien n’est connu et où l’on se retrouve à ne pouvoir qu’échafauder des hypothèses sans beaucoup d’espoir de les vérifier d’une façon ou d’une autre, peuvent vite être considérées comme horrifiques.


La tension et les questions sont maintenues jusqu’à une fin qui tombe malheureusement un peu à plat. Tout se résout d’une façon si ordinairement triste qu’on peut regretter que le côté fantastique de cette SF n’ai pas été plus développé. C’est sans doute ce qui fait son charme aussi, l’ambiguïté d'une science jamais prouvée en dehors d'indices visuels fait que nous sommes à peine dans la SF, et le mystère est ici plus attirant que des certitudes. Mais d’un autre côté cette ambiguïté enlève pas mal à la tension dramatique de la fin.


Reste le témoignage d’une histoire d’amour, assez poignante, d’autant plus qu’elle ressemble à la véritable vie amoureuse de l’auteur. Je ne sais pas à quel point, et donc combien de lui même il a mis dans ce récit, au delà d’aspects superficiels assez évidents, mais il est possible que ce fut un texte important pour lui.


Ce témoignage amoureux prend le pas sur la SF, sur la tension, sur un drame annoncé pour nous en offrir un autre, bien plus ordinaire, mais non moins important. Le narrateur n’est pas le seul personnage a partager des traits commun avec l’auteur, car le médecin anglais en est un autre avatar, dans lequel nous retrouvons ce flegme, cette pudeur des sentiments qui explique le recours à un récit SF pour parler d'amour, et au delà d’une fin triste et dramatique on peut lire à la fois espoir et déchirements chez l’auteur.


Critique tirée de mon blog.

Mattchaos
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le 28 févr. 2021

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