La Petite Amie, c'est ce genre de bouquin dont la quatrième de couverture a attisé ma curiosité un jour mais qui restera inlassablement, probablement jusqu'aux prochaines vacances, sur cette section si particulière de l'étagère qui comporte les livres qu'on accumule compulsivement sans les lire. Puis appâtés certainement par la détente intellectuelle procurée par un bon "roman de gare", je me suis laissée tenter.
Alors, pour l'histoire, ce n'est pas vraiment emballé dans la plus grande originalité ni même dans le verbe le plus raffiné. Tout repose sur Laura et Cherry que d'ailleurs tout oppose, naturellement: l'une est une scénariste vivant dans la petite bourgeoisie anglaise désabusée et l'autre une agente immobilier provenant d'un milieu modeste, dont les ambitions n'ont d'égales que la perfidie mise en place pour les réaliser. Elles se rencontrent autours de Daniel, le fils de Laura éperdument amoureux de l'énigmatique jeune femme que sa mère soupçonne d'avoir plus d'affection pour son statut et l'aspect monétaire qui y est attaché que pour son garçon. Suspicions que Laura cherchera par tous les moyens à mettre en lumière, quitte à devenir plus détestable que sa Némésis.
L'auteure prend le partie de présenter les deux points de vue de manière omnisciente. On comprend donc assez vite ce qui sous-tend le comportement des deux personnages principaux et qui relève bien souvent d'histoires personnelles comme si finalement elles n'étaient que le revers d'une même médaille, déterminées par leur destinée sociale à se confronter, se polariser et finalement aboutir sur le désir inavoué d'être comme l'autre. Ce qui, il faut l'admettre, est un trope récusé depuis un sacré bon moment et dont les tenants et les aboutissants ont souvent été explorés ad nauseam. Le livre est donc parfaitement intéressant dans son développement mais souffre clairement de ce choix qui ne laisse que peu d'amplitude pour sortir des sentiers battus.
Bien souvent, tout dans l'ouvrage possède les défauts de ses qualités. Car si cela est en soi une assez bonne idée d'offrir les deux points de vue, la narration souffre à mon avis de la certitude que l'on a en tant que lecteur de la culpabilité de Cherry, ce qui nous cantonne donc le plus souvent à la justification permanente du pourquoi du comment, ce qui est certes intéressant, mais ce qui casse le plus souvent l'action au profit d'une exposition qui aurait pu être moins biographique et mieux amenée.
Après, c'est le premier roman d'une... scénariste anglaise (Oui, ça m'a fait bizarre aussi) et il y a tout de même une assez grande différence en terme de style d'écriture entre les deux. Car La Petite Amie est un bon scénario mais pas forcément un bon roman car privé de l'aspect "visuel", on sent que les éléments de psychologie des personnages sont plus difficiles à introduire et à distinguer, ce qui est en soi un peu dommage pour un thriller psychologique.
Pourtant, ça se lit tout seul comme un bon scénario car toutes les scènes s'enchaînent à merveille et semblent vraiment avoir toute une importance capitale dans le récit. Je dois dire que c'était très agréable de ne pas tomber dans les poncifs littéraires et dans les allongements douloureux de la narration. Tout s'imbrique très bien et je dois dire que les personnages, quoique caricaturaux au possible, se marient très bien à l'ensemble.
Ce n'est pas désagréable à lire mais bon, ce n'est pas non plus la panacée.