L'auteur partage avec nous l'enquête qu'elle a menée sur Marie Geneviève Van Goethem, le modèle de Degas, la fameuse petite danseuse de quatorze ans. Danseuse de l'Opéra et modèle d'artiste, voilà le lot de cette jeune fille, et c'est loin, très loin d'être un quotidien glamour. Bien au contraire, l'auteur parle plutôt de condition de vie misérable.


En quelques pages, Camille Laurens lui rend plus qu'un hommage, elle nous la révèle en nous dévoilant la genèse de la sculpture. Ainsi, on découvre les dessous de l'œuvre, avec les méthodes de création, la manière dont elle a été présentée au public, la façon dont le public va rapidement la rejeter et ce qu'elle va devenir une fois de retour dans les ateliers de l'artiste. D'ailleurs, elle n'oublie pas de nous parler de l'artiste, de ses habitudes, de ses préférences. Forcément, cela nous mène vers les coulisses de l'Opéra et sa facette largement oubliée aujourd'hui : celle de ses trafics sexuels et de son libertinage.


Au passage, elle nous parle aussi de Balzac, de Théophile Gautier et d'une ribambelle d'artistes contemporains qui ont gravité à un moment ou un autre dans les cercles de Degas.


Camille Laurens fait une confrontation très intéressante entre les différents artistes de l'époque, entre ceux qui ont travaillé sur le même sujet, à savoir les danseuses. Elle nous parle également de ceux qui se sont intéressés à Degas. Nous sommes entraînés dans un tour d'horizon complet.


Bien qu'elle reste attachée aux faits, avec un travail de recherche titanesque, elle nous propose des scénarios supposés, hypothétiques, éventuels et potentiels. Elle sépare le modèle de l'artiste pour mieux les rapprocher et les comparer.


Il y a dans ce texte une véritable réflexion sur la création, sur le poids de l'art dans la dénonciation des comportements inconvenants, et même plus, le rôle de l'art face à l'hypocrisie sociale.




Après une entrée en matière vive et percutante, on découvre rapidement l'engouement de l'auteur pour l'artiste, le modèle et la sculpture… Évidemment, on finit par partager son euphorie et on n’a qu'une envie, voir rapidement une des reproductions de la petite danseuse, qu'on ne verra plus jamais de la même façon !



habibaelb
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le 13 oct. 2017

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