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Le texte :


Gabriel a perdu son fils, Victor, alors qu’il allait sur ses 18 ans, venait d’intégrer une école élitiste de fils à papa, Métis, et qu’il commençait à renouer avec cet enfant qu’il vénère et dont la mère les avait abandonnés juste après la naissance de Victor. Victor, lui, voue une haine sans nom à ce que semble représenter son père et n’a d’autre but en intégrant Métis que de la détruire de l’intérieur.


Plus de dix ans après le drame vécu par Gabriel, celui-ci retrouve la trace de celle que tout le monde considère comme étant la meurtrière de Victor : Maya Torrès. En intégrant Métis, Victor s’était acoquiné avec des élèves particulièrement représentatifs d’une France haineuse, élitiste, méprisante et raciste : Tancrède, le petit ami de Maya, Gaël et Florian.


Qui est responsable de la mort de Victor ? Pourquoi ? C’est dans un état d’esprit de vengeance que Gabriel, devenu aveugle de conversion (cécité liée à un choc psychologique violent), se rend en Irlande pour recruter Maya.


On suit donc deux fils narratifs qui s’entremêlent jusqu’à la découverte par Gabriel de la vérité : ce qui s’est passé en 2003 au sein de l’école Métis entre Victor, Maya et la bande de Tancrède et ce qui se déroule de nos jours à savoir la machination de Gabriel pour confondre Maya et se venger d’elle.


Evidemment tout ne se déroulera pas comme prévu. Et l’artifice consistant à créer un sentiment amoureux entre Gabriel et Maya, compte tenu du passé de chacun, de leur histoire commune de victime collatérale et de bourreau, de leur différence d’âge, peut paraître un peu grossier. Soit mais c’est bien la seule faiblesse de ce thriller qui se lit de bout en bout avec un plaisir rare. La haine et l’amour sont au centre d’une histoire recelant son lot de surprises et de rebondissements. Ingrid Desjours s’astreint avec brio à donner une vraie psychologie à ses personnages, qu’ils soient antipathiques ou non, fouillée et surtout cohérente. On s’attache donc particulièrement à Maya, à Victor, à Gabriel aussi dont on ne peut remettre en cause les motivations intimes mais dont les fissures et les failles nourrissent le récit et lui donnent sa vraie épaisseur, au-delà du récit purement « thrillersque ».


Cette phrase d’André Berthiaume qu’Ingrid Desjours reprend à son compte « Nous portons tous des masques mais vient un temps où on ne peut plus les retirer sans s’arracher la peau. » résume à elle seule ce qu’a voulu écrire l’auteur : un récit où chacun devra arracher un peu de soi et tomber les masques pour retrouver une certaine sérénité.


C’est donc intelligent, bien écrit, passionnant, à l’opposé du précédent livre d’Ingrid Desjours, « Les Fauves », comme quoi il ne faut jamais fermer la porte (et les yeux) après une déception livresque… Recommandé pour les adeptes des thrillers.

Ga_Roupe
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le 29 nov. 2016

Critique lue 135 fois

Ga Roupe

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