C'est le premier roman de Paul Halter, auteur français à la base lui-même inconditionnel de roman policier à énigme, et en particulier de meurtres impossibles à la John Dickson Carr. Ce genre de polar était prépondérant dans la première moitié du 20ème siècle et est tombé en désuétude voire dans l'oubli total par la suite, notamment face au roman noir ou au thriller psychologique...
Il faut dire aussi que l'on tourne souvent en rond et que les possibilités de scénarios machiavéliques aux dénouements inattendus deviennent limitées quand on passe derrière des auteurs comme Agatha Christie qui ont déjà bien défriché le terrain.
C'est d'ailleurs désormais souvent pour l'ambiance générale que j'aime en lire quelques-uns de temps en temps.


Je n'ai lu que deux romans de Paul Halter, et celui-ci est considéré comme son meilleur, et même comme un essentiel du genre.


Eh bien effectivement, je dois dire que la Quatrième Porte mérite sa petite réputation dans le milieu et j'encourage les amateurs de romans policiers à le lire.


Je mets toute la fin de mon commentaire en caché car même si je ne révélerai rien de l'intrigue, le simple fait d'avoir une légère idée de ce qui vous attend peut vous gâcher le plaisir donc ne lisez pas la suite si vous comptez vous attaquer au bouquin !


La Quatrième Porte propose une résolution finale particulièrement originale et inattendue, y compris pour un habitué.


Comme je le disais, le risque avec le roman policier à énigme, et encore plus avec le meurtre en chambre close, et encore plus à vouloir en écrire un dans les années 80, c'est de ne rien apporter de neuf.
Les meurtres dits impossibles reposent souvent sur un tour de passe-passe assez technique digne d'un tour de magie, et en apprendre la résolution en fin de livre est au bout d'un moment lassant et décevant la plupart du temps (pour moi en tout cas).


Donc là-dessus, Paul Halter signe le tour de force d'apporter sa pierre à l'édifice des très bons twists de romans policiers du XXè siècle.


Et pourtant toute l'histoire semble au départ d'un classique presque fétichiste qui aurait tendance à me gêner.
Paul Halter pousse sa passion du genre au point de placer son intrigue dans l'Angleterre du milieu du XXè siècle (je crois que c'est ce qu'il fait dans pas mal de ses romans), où ses personnages discutent de l'affaire dans de grandes maisons en buvant systématiquement du cognac et fumant des cigares.


Les crimes inexplicables qui vont avoir lieu semblent tous surnaturels, et on a le droit au traditionnel meurtre en chambre close. Jusque là on est vraiment dans du J.D. Carr.


Dans La quatrième porte, les rebondissements sont nombreux et Paul Halter a vraiment voulu faire une démonstration de force en enchaînant les crimes impossibles, ce qui en fait un modèle du genre, mais qui a tendance à aller un peu loin car leur explication sera finalement comme souvent -et comme je le disais plus haut- d'une technicité quelque peu tirée par les cheveux...


Mais on verra que ce n'est pas là la force de cette intrigue, et je n'en dirais pas plus au cas où des gens ne l'ayant pas lu auraient quand même affiché mon commentaire !

FlorianTanguy
8
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le 18 sept. 2019

Critique lue 246 fois

Florian Tanguy

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