La Tresse
6.7
La Tresse

livre de Laetitia Colombani (2017)

Impossible de faire deux pas ces temps-ci sans voir ce petit livre jaune partout : dans les gares, les aéroports, les aires d'autoroutes, les supermarchés… Impossible d'y échapper ! C'est le grand succès du moment, déjà traduit en vingt langues, et après avoir résisté … moi aussi, j'ai craqué ! J'en ai commencé le lecture de ce petit air supérieur signifiant que moi, je saurai voir tous les défauts de ce best-seller et ne tomberai pas dans le piège de cette lecture facile...
Eh bien c'est encore moi qui ai littéralement dévoré ce court roman et me suis retrouvée en larmes en parcourant les dernières pages ! Oui, ce livre m'a beaucoup touchée, oui, je m'en souviendrai longtemps, oui, je le recommande parce qu'il est porteur d'un message d'espoir et qu'il parle d'un sujet qui me tient à coeur : la situation des femmes dans le monde.
Trois destins : celui de Smita en Inde, de Giulia en Sicile et de Sarah au Canada. Trois existences difficiles pour des raisons différentes. Trois portraits de femmes qui ne vont pas lâcher le morceau, qui vont se battre, refuser de renoncer, dire NON à ce que la société leur propose, trois femmes qui iront jusqu'au bout de leur destin, coûte que coûte.
Parce que, comme vous le savez, la situation des femmes dans le monde n'est pas bien reluisante : Smita est une Intouchable, une Dalit (une opprimée), une « hors caste». Son « darma, son devoir, sa place dans le monde » consiste à aller ramasser la merde des Jatts « à mains nues, toute la journée », « métier » qui se transmet de mère en fille. Elle part tôt le matin avec son seau et sa balayette. Insupportable. Si elle n'y va pas, on lui incendiera sa cahute, on lui coupera les jambes, on la violera ainsi que sa fille. « On naît videur de toilettes, et on le reste jusqu'à sa mort. C'est un héritage, un cercle dont personne ne peut sortir. Un karma . » Mais Smita a décidé que sa fille irait à l'école, qu'elle n'aurait pas le même destin et moyennant une somme d'argent qu'elle a donnée à l'instituteur du village, Lalita apprendra à lire et à écrire. Sa fille s'en sortira, elle en est certaine !
Giulia vit à Palerme en Sicile : elle travaille dans une petite entreprise où l'on trie les cheveux que l'on récupère un peu partout, chez les coiffeurs notamment (la coutume s'appelle la cascatura), on les lave, on les démêle, on les teint de façon à en faire des postiches ou des perruques. C'est l'arrière-grand-père de Giulia qui a créé l'entreprise en 1926 : dix ouvrières en vivent et Giulia ne quitterait pour rien au monde ce métier qu'elle adore. Mais lorsque son père est victime d'un accident, ce qu'elle va découvrir la plonge dans une angoisse terrible et des décisions très difficiles à prendre s'imposent à elle.
Enfin, Sarah, à Montréal, est une « executive woman » : de vie personnelle, elle n'en n'a pas . Tout pour le travail : en tant qu'avocate, elle ne vit que pour ses dossiers, y passant ses nuits et ses jours, ne retrouvant ses enfants que le soir pour les embrasser rapidement. Le lendemain, debout à cinq heures, Sarah recommence la même routine, s'oubliant, oubliant son coeur et son corps mais ce dernier va très vite la rappeler à l'ordre.
Dédié « aux femmes courageuses », ce livre plein d'humanité et d'espoir parle d'elles, de ces femmes qui grâce à leur courage, leur force, leur persévérance font avancer le monde, se battent tous les jours pour être libres et rester dignes.
Si ce roman pouvait donner à toutes les femmes le courage de refuser ce que leur imposent au quotidien la société, la famille, la religion, les coutumes, ce serait déjà un pas en avant. Et c'est comme cela que petit à petit, on avance.
A lire, évidemment !


Lire au lit : http://lireaulit.blogspot.fr/

lireaulit
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le 3 août 2017

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