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Tout d'abord, je tenais à remercier l'équipe de Lecteurs.com de m'avoir permis de devenir une fois encore une de leurs ExploLecteurs et ainsi de participer à une belle exploration dans le monde littéraire! Mais je tenais aussi à remercier particulièrement Dominique qui m'a avec une grande gentillesse envoyé un autre roman après que le premier se soit perdu en cours de route. Finalement, j'aime à penser que le 'destin' (= la Poste ?!) fait bien les choses car si le premier livre que j'avais choisi ne s'était pas égaré La viande des chiens, le sang des loups ne serait jamais arrivé entre mes mains... et je serai passée à côté d'un roman poignant!


J'avais déjà lu un roman de cette auteure, Justine Niogret de son vrai nom (ma chronique ici), mais si j'avais aimé sa plume, je n'avais pas ressenti la même force brutale que j'ai ressentie à la lecture de La viande des chiens, le sang des loups. D'ailleurs, si je n'avais pas su que Misha Halden était un pseudonyme, je n'aurais jamais reconnu son style d'écriture! Or, mon coup de coeur pour cet OVNI littéraire est en grande partie dû à cette plume qui est d'une puissance bouleversante. C'est une écriture brute, qui rape, qui entaille et qui écorche. Une écriture très orale très brute : l'auteure n'a pas cherché à contenir les émotions de ses personnages dans une écriture plus policée, plus mesurée. Mais c'est aussi un genre d'écriture qui pourra détourner plus d'un lecteur, car très familier, vulgaire : il n'y a ni paillettes, ni belles images pour nous brosser dans le sens du poil, pour nous faire croire que la vie est écrite par un poète. Non. Ici c'est la réalité de l'émotion à l'état brut, une réalité qui blesse et qui écorche.


« Les hurlements de petit con qui fantasme un potager alors qu’il a jamais eu de merde sous les ongles. Les mots s’échappaient et j’aimais pas perdre ce contrôle, et j’avais pas envie de savoir pourquoi je m’étais barré de chez les humains, pourquoi je me sentais bien que dans ma maison sans personne »


L'intrigue n'est en elle-même que très difficilement racontable. Mais l'histoire est presque secondaire finalement, ce qui importe c'est la force des émotions, c'est la force du message, la violence de notre humanité mise au jour.


« Mais on peut s’écorcher autant qu’on veut, on change pas la viande dont on est fait. »


J'ai pu lire des avis très contrastés mais surtout très catégoriques sur ce roman : soit c'est un coup de coeur soit c'est tout le contraire. Impossible d'avoir un avis nuancé sur ce roman qui nous prend à la gorge, qui nous frappe. C'est une lecture très physique, vous ne pourrez pas la lire le sourire aux lèvres, allongé sur votre transat, sirotant votre mojito, non, non, vous allez suffoquer sous la puissance des coups. Je garde encore les bleus, les entailles, que m'ont faits les personnages si vrais et si féroces de ce roman.


Si vous avez peur de vous sentir sale, si vous avez peur de vous faire mordre jusqu'au sang, alors ne le lisez pas ce roman. Mais ce serait bien dommage de détourner le regard. Car c'est un livre qui nous renvoie notre reflet, le reflet d'une humanité qui a tout d'un chien, mais qui se rêve encore loup.


« J’ai fermé ma gueule, et je me suis rendu compte que c’est de toute façon ce que j’avais fait toute ma vie. J’aurais voulu dire ça souvent, mais je l’avais toujours bouclée. J’étais une couille molle. J’avais pas de dents de loup, moi. J’avais peur des morsures, moi. »

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le 2 avr. 2017

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