Des articles à la qualité inégale mais souvent intéressants

Il me faut te l’avouer, ami-lecteur, j’écoute France Inter. J’irai même plus loin, je regarde régulièrement Quotidien. Oui, oui, il me semble probable que certaines créatures du Web me qualifient avec virulence de « bobo-gauchiasse ». Ce qui est faux, vu ce qu’il y a sur mon compte en banque. Certains iront même plus loin en me targuant de féminazie. Il va sans dire que l’ouvrage qui nous intéresse aujourd’hui confortera ces roquets dans leurs suppositions. Maïa Mazaurette est une journaliste spécialisée dans la sexo, elle est féministe et officie sur Quotidien, France Inter et dans Le Monde. Et, en vérité, j’aime ses interventions à la TV et à la radio. Ne lisant pas la presse écrite, j’étais donc curieuse de découvrir sa plume.


La Vulve, la Verge & le Vibro est justement un recueil de chroniques de Le Monde, sous forme d’abécédaire. Une très bonne occasion, pour moi, de lire madame Mazaurette après l’avoir tant appréciée sur mes écrans. Mais qu’en est-il au terme de ma lecture ?


 Comme souvent avec ce genre de recueil, surtout quand les articles en question sont issus de la presse écrite, le tout reste assez inégal. Bien entendu on retrouve tout ce qui fait le succès de Maïa Mazaurette : un ton plein d’humour, un point de vu féministe et inclusif sur la sexualité et un travail sérieux de documentation. Ainsi l’autrice prend toujours le soin de citer ses sources en notes de bas de page et cette rigueur reste primordiale pour moi. Je crois que l’inégalité que je mentionne plus haut tient au fait que les termes exploités sont très divers. Ça va de bite à pansexuel en passant par aubergine et consentement.
Il faut se le dire franchement, Maïa Mazaurette ne livre pas un travail de journalisme neutre, elle donne son avis, ses réflexions personnelles, son regard sur le sexe. Personnellement, c’est ce que j’ai aimé dans cet ouvrage. Certaines phrases sont d’ailleurs des petites pépites, comme dans l’article Sex on the beach où elle dit du fantasme de faire l’amour à la plage, page 151 :

La plage est le fantasme des personnes qui n’ont aucune culture érotique : elle est le cubi de rosé de la sexualité.


Snob ? Probablement. Réjouissant ? Sans aucun doute.


 Heureusement, et même si j’aime ce mordant, ces piques ne sont pas ce qui compte dans l’ouvrage. Les articles les plus intéressants sont ceux qui dénoncent sans juger, que ce soit le sexisme, le racisme ou les tabous qui gangrène les sociétés dans leurs rapports au sexe.
Je ne vais pas mentir, ami-lecteur, certaines entrées de *La Vulve, la Verge & le Vibro* restent anecdotiques. Voir négligeables… Cette lecture vaut pourtant le coup grâce aux articles qui sortent du lot. J’ai particulièrement savouré ses réflexions sur les couleurs (blanc, noir, rose, rouge). Et puis la langue est souvent le point de départ des articles. C’est ainsi que l’autrice nous parle de l’origine du terme bite ou de celui de coquin. De quoi réjouir l’amatrice de la langue que je suis -presque sans mauvais jeux de mots-.
Un ouvrage qui ne révolutionne sans doute pas la vision de la sexualité mais qui propose de nombreuses pistes passionnantes et, surtout, qui permet d’ouvrir la réflexion sur des sujets qui, trop souvent, demeurent tabous. Maïa Mazaurette mérite sa place dans nos médias, ne serait-ce que parce qu’elle bouscule un peu nos idées reçus, sur le porno, sur le plaisir, sur les fantasmes.
CulturoVoraces
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le 18 mars 2021

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