L’intrigue se déroule en 1958 mais on peut facilement la transposer à notre époque avec parfois le même état d’esprit.


La paranoïa de l’Amérique rurale de la fin des années 1950 est à son comble, lorsque les habitants de la petite ville de Seneca Falls, voient arriver un cirque ambulant. D’autant plus lorsqu’un corps est découvert sous le carrousel, qu’aucune piste ne permet d’identifier la victime, l’Agent Spécial Michael Travis est envoyé par le FBI pour résoudre cette affaire. Jusqu’ici, cela semble simple, mais rien ne le sera. L’auteur brouille les pistes et nous entraîne dans une intrigue aux multiples ramifications.


La plume de l’auteur arrive à nous hypnotiser, à nous embarquer dans une atmosphère, où la nature humaine, les faux-semblants, les mensonges, les douleurs sont palpables. A travers Michael Travis, nous découvrons les réminiscences d’un passé difficile à supporter, et le conditionnement psychologique dans lequel l’être humain peut se glisser, pour ne pas souffrir, au point de devenir rigide. En parallèle, nous découvrons des personnages hauts en couleur, à l’opposé de cette image rigide, aux capacités de résilience hors du commun.


Tout en proposant un roman noir, un roman sociétal, Ellory met l’accent sur certains événements sombres de l’Histoire des Etats-Unis, sans jamais tomber dans un ton dogmatique. L’intrigue s’imbrique dans l’Histoire, et évoque en toile de fond, les projets de manipulation de la CIA et du FBI durant les années 1950, visant à développer les techniques de manipulation mentale. Il dénonce aussi, à travers la voix de ses personnages, le recrutement de scientifiques de l’Allemagne nazie pour lutter contre l’URSS.


Les sujets abordés sont tout ce qui fait l’essence d’un excellent roman noir, la peine de mort, la politique, côtoient les bons sentiments, l’amour, en passant par tout ce que certaines personnes, à la solde d’un gouvernement, légitiment, sous prétexte de l’intérêt général… Un excellent cocktail pour une lecture parfaite, et ce malgré les près de 650 pages.


C’est un roman à l’ambiance sombre mais lumineuse, car l’auteur a ça de particulier de toujours montrer que rien n’est figé et que tout est à construire.


L’auteur ne se contente pas d’une intrigue linéaire, ni d’un genre précis, puisque l’on y retrouve aussi bien les codes du roman noir, du thriller, du polar, de l’amour, de la résilience.


Une lecture qui ne laisse pas indifférente, une plume vive, avec des émotions palpables. Un roman sociétal qui nous fait découvrir l’Amérique rurale des années 50. Un roman plein de vie, où les sentiments sont décortiqués. Une histoire de résilience, de quête de soi. Un roman inclassable, unique.

Ju-lit-les-mots
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le 19 août 2021

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