Mother.

Comment mettre en mots ce que la mère peut être amenée à ressentir pendant les neufs mois qui précèdent l'accouchement ? Comment exprimer les émotions de celle qui devient subitement mère à la naissance d'un être si longuement désiré ? Frédérique Deghelt s'est attelée à cette dure tâche, en disant de la plus belle des manières, par une sorte d'empathie poétique, ce qui se trame dans les pensées et les entrailles des futures mères, êtres si courageux, balottés comme des embarcations sans voiles dans une tempête.

Ce n'est pas là un livre adressé qu'aux femmes, déjà mères ou pas. Ce serait oublier un peu trop facilement, ou ignorer, que les hommes - déjà pères ou pas - veulent aussi, bien souvent, en savoir plus sur les réflexions et émotions par lesquelles passent leurs femmes, même si certains ont du mal à l'admettre. 
Les propos de Frédérique Deghelt ne font pas toujours mouche, ou sont parfois gorgés d'une forme d'ésotérisme un peu bizarre, mais qui fascine malgré tout. Les photographies de Sylvie Singer Kergall, bien que réussies, ne servent pas l'écriture de Deghelt, qui se suffit amplement à elle-même.
Parfois, l'émotion monte curieusement, touchés que nous sommes en plein cœur, l'écrit de l'auteur nous rappelant à nos propres paternités. Deghelt sait manier le verbe et son spleen atteint quelque profondeur en nous, touchés par ces petits êtres familièrement appelés « bébés », ces petites choses qui nous attendrissent, qui bouleversent nos vies, qui nous font universellement marquer une pose sur nos difficiles existences, nous renvoyant à ce que nous avons été, à ce que nous ne serons plus, et surtout, nous rappelant, par leur seule présence, que, « le monde  [sera] toujours beau quelque part ».