Novembre 1940 aux Etats-Unis, Roosevelt n’est pas réélu Président pour un troisième mandat. Charles Lindbergh prend la tête du pays. Cet aviateur à la fois héros grâce à ces exploits aéronautiques et martyr après l’enlèvement et la meurtre de son enfant devient le trente-troisième Président. L’un de ses premiers actes sera de signer un pacte de non-agression avec l’Allemagne nazie d’Hitler. La peur s’empare alors des Juifs américains et la famille Roth se retrouve embarquée dans une page d’histoire terrifiante.


Sur cette trame inventée qui ressemble à un cauchemar, Philip Roth entraîne le lecteur dans une Amérique hantée par l’antisémitisme et dans les pas d’une famille, la sienne, qui se déchire et dont les pires craintes vont se réaliser durant le temps que va durer la présidence de Lindbergh.


J’avoue avoir été déconcertée au début de ma lecture. Ce roman me semble être à part dans l’œuvre de Philip Roth (du moins pour ce que j’en connais). Plus sombre, sans trace de cet humour qui caractérise les livres que j’ai lus jusqu’ici, ce récit est habité par une véritable inquiétude qui laisse transparaître les préoccupations de l’auteur à travers cette histoire qui se passe en 1940 mais dans laquelle on ne peut s’empêcher de voir une certaine universalité. 


Racontée du point de vu d’un Philip de 7 à 9 ans pour lequel beaucoup de choses restent incompréhensibles, le récit met en scène des personnages qui vont être confrontés à des choix cruciaux. La famille se déchire assez vite entre les parents Roth révoltés par ce qui se passe dans leur pays et le fils aîné Sandy qui soutient les actions de Lindbergh et qui s’oppose à ses parents entraîné par sa tante. Alors que les persécutions se font de plus en plus précises et que les violences envers les juifs sont de plus en plus nombreuses, le pays et la famille Roth avec lui sont entraînés dans une spirale de terreur. La tension monte tout au long du livre faisant vivre au lecteur de véritables moments d’angoisse, l’amenant presque à oublier qu’il ne s’agit pas de la véritable histoire. Le récit est d’autant plus crédible qu’il est raconté à hauteur d’un enfant pour qui de multiples moments personnels vont aussi être des drames (la perte de son album de timbres, le départ de son petit voisin et de sa mère pour lequel Philip va se sentir coupable, la bagarre sanglante qui éclate entre son père et le cousin Alvin). 


La fin m’a parue par contre un peu expédiée, avec cette étrange justification de l’arrivée au pouvoir et des actes de Lindbergh qui m’a laissée un peu pantoise  et sceptique. La part qui selon moi serait la moins vraisemblable dans un récit qui semble par ailleurs terriblement possible.


Indispensables à lire en fin d’ouvrage, la véritable chronologie des faits et les biographies des personnages du livre qui permettent de faire la part de l’inventé et du réel et qui remettent en perspective les faits racontés dans le roman. Ainsi du discours antisémite de Lindbergh qu’il a réellement prononcé en 1941.

Christlbouquine
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le 7 août 2020

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