Victor Hugo n'a que 26 ans quand il écrit cette oeuvre incroyable.
Moi j'avais toujours imaginé Hugo comme un vieux grand père bienveillant. Je viens de découvrir Hugo jeune. Je ne regrette pas.


Dans ce récit qui lutte contre la peine de mort, Hugo ne fait pas appel à la raison mais au coeur du lecteur. Tout ça dans un style fluide mais fougueux, tout en sensations et émotions, rien à voir avec le langage majestueux et imposant d'historien que je lui connaissais. La vie déborde du texte encore, il n'apprendra que plus tard à l'enfermer posément dans ses phrases.


Il ne choisit pas le sentiment parce qu'il manque d'arguments, au contraire ses arguments il les expose très bien dans sa troisième préface, essai rationnel et argumenté. Il choisit d'émouvoir le lecteur car il croit fermement que c'est le moyen le plus efficace pour que celui ci ne puisse plus jamais condamner de la sorte.
Le criminel n'est pas en colère, il n'en veut à personne. Il a juste peur, et reste complètement démuni face à cette attente prolongée. Il n'est pas innocent, clairement, et l'on ne saura pas grand chose de plus, car ce qui compte c'est qu'il représente TOUS les condamnés à mort, et qu'aucun ne mérite ce sort.
Recit qui trouble par l'actualité de ses arguments dans une époque pourtant reculée.


On y trouve aussi déjà beaucoup des thèmes qui sont chers à Hugo et qu'on retrouvera à travers ses oeuvres. Notre Dame est déjà là avec ses tours, et la vue qu'on a d'en haut. Le jeune Hugo est déjà fasciné par l'argot, auquel il consacrera tout un chapitre 33 ans plus tard dans l'oeuvre de sa vie. On découvre aussi son empathie envers les miséreux qui se retrouvent jetés dans le "crime" par nécessité. Et bien sur il ne cesse de découvrir l'intensité de l'amour d'un père pour sa fille (la sienne est alors âgée de 5 ans).


A lire également ses trois préfaces de l'oeuvre, la première une courte introduction, la deuxième une pièce hilarante et la troisième une dissertation complète qui expose son argumentaire. Des chefs d'oeuvre à eux tous seuls.


Ruy Blas m'avait déjà fait douter et je l'avais classé comme d'un autre auteur. Mais là c'est impossible, tout crie le Hugo dans cette oeuvre, et je ne peux décidément plus l'imaginer avec cette tête de père noel qu'il arbore sur son portrait le plus célèbre... Hugo a été jeune, impétueux, passioné, dévoué à ses causes. Beau peut être? En tout cas dans ma tête il a momentanément perdu sa barbe!

Kinoko
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le 3 nov. 2015

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Kinoko

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