Perceval retrouve la parole
Le foisonnement des aventures de Gauvain, Lancelot, Arthur et Perceval vaut ici par leur inscription aussi bien au sein d'un merveilleux chrétien que païen: chevaliers mystérieux et agressifs, pucelles étrangement laides ou curieusement équipées, fantaisies, sortilèges et prodiges... On est dans le jardin des symboles de l'inconscient, où les jeunes filles jouent le rôle de l'anima, aiguillant le héros vers la réalisation de lui-même à travers des tâches qu'il entreprend par esprit de déférence courtoise à l'idéal chevaleresque. Le Graal est au coeur de ces quêtes; il se dérobe à la vue des mortels en fin de roman, tandis que le château du Roi Pêcheur est décrit comme tombant en ruines, à l'exception d'une chapelle. L'accumulation des images fortes et des énigmes incite à un questionnement intérieur, sachant que le langage utilisé est celui de nos rêves.