Martin, lycéen, vit dans une petite ville. Dans cette ville, il y a un square et dans ce square, la statue d'un jeune héros, en bronze, à la fois symbole fort des jeunes morts au combat, mais aussi poids pour ceux qui ne sont pas des héros. Martin se pose beaucoup de questions, se fait ses propres réponses. Peu entouré, il est souvent seul et regrette que Félix ne passe pas plus de temps avec lui.


Résumé court pour ce court roman d'Antonin Crenn, ici déjà recensé pour son Passerage des décombres et Les bandits. Martin semble attiré par Félix qui ne le regarde pas plus qu'un autre. Cela lui suffit pour intérioriser encore plus -si tant est que cela soit possible-, pour se replier sur lui-même. Il est à l'âge pas facile des lycéens qui s'interrogent sur tout -amis confrontés aux ados, bonjour !


Dans un style délicat, fin et sensible, Antonin Crenn raconte les -peu de- faits de Martin et ses nombreuses interrogations, élucubrations, inventions, tentatives de réponses, parfois vraies, parfois totalement personnelles et sans doute loin de la réalité. C'est ce qui arrive lorsqu'on tente seul de trouver des réponses, sans se confronter à autrui pour les confirmer ou les infirmer. Martin est "quelqu'un de l'intérieur" comme le chantait Francis. Antonin raconte très bien comment une succession de petites choses, de petites frustrations, de désagréments, amène un jeune homme à prendre des décisions pas toujours bien comprises ni vraiment justifiées.


C'est un roman contemplatif qui s'attarde donc dans les pensées de Martin mais aussi dans les descriptions des lieux, de la nature omniprésente, comme si Martin avait ce besoin de se tourner vers elle lorsqu'il se sent seul. Le causse, les châteaux des alentours, la rivière froide qui serpente dans la ville, ... tout est prétexte à de belles pages.


Un court roman que l'on déguste lentement, un brin mélancolique. "Un livre simple sur des choses compliquées" (quatrième de couverture), qui débute comme ceci :


"Le garçon crie. Il va mourir dans un instant, il le sait, et c'est pour cette raison qu'il crie. Sa mort est imminente : elle l'est depuis près d'un siècle. Ce garçon, puisqu'il est en bronze, on ne sait pas s'il est brun ou s'il est blond. Ses cheveux sont peut-être d'une couleur changeante, comme ceux de Martin qu'on ne sait jamais comment qualifier, qui tirent vers le roux à la fin de l'été." (p.9)

YvesMabon
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le 11 nov. 2018

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Yv Pol

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