Le Liseur
7.4
Le Liseur

livre de Bernhard Schlink (1995)

Un livre qui appelle des traductions en plus de 37 langues n’a rien d’anodin, il sous-entend forcément une histoire hors du commun. Bernhard SCHLINK, écrivain de romans policiers et juge, ne présente pas de profil ordinaire, il n’y a aucune difficulté à convaincre sur ce point. Si nous prenons séparément chacun de ses titres, nous pourrions ne pas nous y arrêter. Par contre, si nous parcourons «le liseur», son œuvre célèbre qu’il a écrite en 1995, évidemment notre regard sur l’homme ne peut que changer. Pourquoi? Et puis qui est ce soi-disant liseur? Pourquoi vouloir le faire incarner par Michael, cet adolescent que le sort de sa maladie va amener à rencontrer une femme de vingt ans son ainée? Pourquoi cette dernière, sensuelle et mystérieuse, choisit-elle d'entretenir une relation amoureuse avec lui, et lui demande pour fantaisie que la lecture lui soit faite à haute voix. Plus tard, la vie les sépare. Doit-on comprendre qu’Hanna a simplement pris la fuite pour ne pas avoir à donner la moindre explication à son amant concernant un passé trop lourd à expliquer? Jusqu’à ce stade de l’histoire, le piment de celle-ci pourrait ne pas paraître assez fort pour captiver un lecteur, nous le tenons pour compris. Le hasard de la vie interpelle à nouveau ces deux- là dans un cadre pour le moins inhabituel, mais aussi inattendu pour chacun d’eux. Michael, devenu étudiant en droit, assiste comme souvent à des procès d’assises. Un jour, qui aperçoit-il dans le box des accusées, parmi cinq femmes qu’on s’apprête à juger? Hanna. Oui, c’est bien la femme qu’il aimé autrefois que la Cour entendra pour des faits gravissimes, et l’expression est faible au regard du chef d’inculpation dont on l’accuse. Quel rôle a-t-elle joué pendant la guerre? Evidemment, je ne peux pas vous livrer l’histoire ici en peu de mots. «En même temps, j’étais triste pour elle, triste de sa vie retardée et ratée, triste des retards et des ratages de la vie en général. Je songeais que quand on a laissé passer le bon moment, quand on a trop longtemps refusé quelque chose, ou que quelque chose vous a trop longtemps été refusé, cela vient trop tard, même lorsqu’on l’affronte avec force et qu’on le reçoit avec joie. A moins que le ‘‘trop tard’’ n’existe pas, qu’il n’y ait que le tard, et que ce ‘‘tard’’ soit toujours mieux que jamais? Je ne sais pas.» Dire que ce paragraphe soit l’idée essentielle du livre serait sûrement exagéré, toutefois affirmer que l’on peut se passer de le lire serait bien dommage. Sauf si ce n’est déjà fait, je vous conseille la lecture de cette œuvre; c’est un monument de la littérature frontalière.
Tempuslegendae
10
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le 19 oct. 2013

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