Rendre à César ce qui appartient à César

Un succès dont on se méfie, des critiques dédaigneuses. Voilà pourquoi il m’aura fallu du temps avant d’acquérir un premier Joel Dicker. Au pif, j’ai pris le deuxième.


Un style fluide et sans accroc. Sans doute critiqué par l’intelligentsia téléramaesque pour son habileté à irrémédiablement faire tourner les pages – pour ne pas être tentée d’utiliser l’anglicisme. À croire que le fait de passionner autant de lecteurs devient trop louche et l’est d’autant plus lorsque l’auteur a le malheur d’avoir du charme et de la sympathie.


« Evite la panne sèche sans se renouveler », détaché du contexte on aurait pu croire à un bulletin de note, les seconds romans (en vérité le troisième en Suisse) sont attendus au tournant, la critique facile, les prédateurs prêts à attaquer leur proie.


Rendez-donc à César ce qui appartient à César.


Le narrateur (qui est apparement aussi le héros de l’Affaire Harry Québert) est Marcus Goldman, écrivain à succès installé en Floride afin d’y écrire son prochain roman et raviver le souvenir de ces deux familles séparées par l’argent et le succès. Si Marcus vient en Floride c’est pour y retrouver l’empreinte de son oncle tant aimé, Saul. L’enfance du narrateur a été marquée par la scission de deux familles, au départ géographique car séparant les Goldman de Baltimore de ceux de Montclair, la séparation est devenue sociale puis affective jusqu’à devenir la marque cruelle d’un amour parental obnubilé par la réussite des uns et l’échec des autres. Marcus enfant a toujours préféré la vie facile et luxueuse des Goldman de Baltimore, c’est ainsi qu’il pourra être témoin du Drame dont Jöel Dicker tisse la trame.


C’est ce Drame avec un D majuscule qui rend le roman de Dicker si bondissant. N’est-ce pas une recette classique que de nommer un événement dont le lecteur ne connaîtra les tenants et aboutissants qu’en tournant les pages ? La formule fonctionne, souffre de quelques longueurs certes.


Il y a bien quelques mièvreries, quelques instants naïfs mais semble-t-il, d’une logique pas si innocente ; je dirais même recherchée. Cet instant croquant où le fils Baltimore surprend son directeur d’école en plein adultère est un tantinet rose bonbon, mais n’est-ce pas pour révéler la malice et l’intelligence d’Hillel ? N’est ce pas grâce à ce passage que Woody va entrer officiellement dans la vie des Baltimore ?


« Si vous trouvez ce livre, s’il vous plaît, lisez-le. Je voudrais que quelqu’un connaisse l’histoire des Goldman-de-Baltimore «


Lisez-le, sans préjugés. Vous passerez un bon moment.

Dadou-lit
7
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le 10 août 2018

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Dadou-lit

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