Une oeuvre bien résumée par son titre : Borges nous livre une somme encyclopédique sur les monstres, chimères, divinités mineures et autres créatures célestes bizarroïdes que l'esprit prolixe des Homo Sapiens ont bien voulu engendrer pour occuper leurs longues veillées au coin du feu !
Très peu de latitude créative donnée à Borges cette fois-ci : avec l'aide de Margarita Guerrero, il recense scrupuleusement d'innombrables bestioles imaginaires qui rôdent par les mers, dans les airs et sur la terre, nous faisant réaliser dans la litanie de ces évocations, certains faits intéressants :
- On est dans l'immense majorité du temps sur des bestioles hybrides, moitié poisson, quart fourmi et tiers lion (oui oui, regardez à quoi ressemble le myrmécoléon)... Finalement l'esprit humain construit ses mythes en caricaturant le réel.
- Caricatures faciles et grotesques, en veux-tu en voilà : des vaches à 500 yeux, des poissons aussi long qu'une île ou encore des renards qui vivent 1000 ans. Miroir grossissant et grotesque de la nature, aurait-on moins d'imagination que ce que j'imaginais ?
- Il est fascinant de constater qu'on retrouve des serpents à huit têtes dans un nombre honorable de cultures antiques et médiévales... De même pour les animaux qui soutiennent la Terre, ou encore les licornes et leurs multiples pelages (probablement liés à leurs zones géographiques, va savoir). On peut imaginer comment toutes ces cultures se sont mutuellement influencées, grâce à des colporteurs, des commerçants ambulants, des voyageurs étrangers qui narraient des histoires venues d'ailleurs pour le gîte et le couvert... Je divague mais cet ouvrage est un exemple précieux de l'unité de la race humaine !
Pour ce qui est de l'écriture et de la mise en forme, c'est là où ça pèche : on reste sur un contenu à visée encyclopédique, où plutôt c'est comme si Borges nous mettait le nez dans sa collection nerd d'animaux fantastiques, qu'il croisait au grès de ses lectures. Un ouvrage qui se grappille plus qu'il ne se lit d'une traite, pour éviter l'indigestion !

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le 14 nov. 2020

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