"Croatoan", c'est le mot gravé sur un poteau de bois sur l'ile Roanoke dans le village de la colonie anglaise, retrouvée en 1590 après trois ans d'autarcie, pillée et abandonnée, et ses habitants disparus sans laisser d'autres traces.
"Croatoan", c'est le seul mot que contient l'e-mail que reçoit un jour Carmela Garcès, jeune éthologue madrilène. Encore plus énigmatique : l'expéditeur n'est autre que son directeur de thèse, Carlos Mandel, qui s'est suicidé deux ans plus tôt. Auteur de la révolutionnaire, mais jamais vérifiée, théorie de l'inter-comportement, Carlos Mandel organise du passé la réunion d'anciens amants et collègues dans un laboratoire/observatoire d'éthologie perdu dans la campagne.
José Carlos Somoza s'est mis au défi de créer une apocalypse à nulle autre pareille. Et comme dans toute apocalypse digne de ce nom, le monde tel qu'on le connait se brise et se délite, subtilement dans les premières pages, puis de plus en plus violemment. Pour mieux déstabiliser son lecteur, Somoza le place d'abord dans une zone de confort grâce à des scènes qu'on dirait tout droit sorties de blockbusters comme World War Z. Puis, en crescendo, il le projette dans un crépuscule de l'Humanité où les situations et les états de ses personnages lui feront ressentir un mélange inédit d'horreur et de poésie surréaliste.
Encore un fois, José Carlos Somoza, à l'instar d'un Stephen King, démontre son talent inégalé pour donner à la littérature fantastique une saveur et une ampleur inédites sans jamais négliger le suspens, l'aventure et les passages obligés.