Le Papillon des étoiles.
Bernard WERBER



Voilà un nom des plus connus.
Ecrivain de renommée internationale, dont les œuvres ont été traduite en 35 langues pour environ 15 millions d'exemplaires écoulés. Parmi ses livres citons les trois grandes trilogies : Les Fourmis, les Thanatonautes, et le Cycle des Dieux. Bernard WERBER est un touche à tout, puisqu'on lui doit également des BD, des recueils de nouvelles, une encyclopédie, des livres expérimentaux, ainsi que deux courts métrages, et un film.
Cet auteur prolifique s'est fait « le devoir » de sortir à chaque rentrée littéraire un livre, histoire de proposer selon lui autre chose que des Goncourt en puissance.
En France, et en Corée du Sud, l'auteur possède une audience impressionnante de fans inconditionnels, mais au-delà de l'engouement aveugle, Bernard WERBER montre un réel talent de conteur, de vulgarisateur scientifique et philosophique, et une capacité souvent renouvelée de nous amener à explorer des sujets atypiques

Malheureusement pour ce livre, presque rien de tout ce qui fait ses qualités n'est présent.
Mais commençons par le début.

Partant du constat très dépriment et fataliste, que les hommes ont saccagé leur planète, cette dernière étouffant peu à peu sous les coups de boutoirs conjugués d'une pollution galopante, d'une démographie non contrôlée , de la guerre, des fanatismes religieux, bref de l'inconscience et de l'inconséquence des hommes.
Face à cette situation, deux hommes, un scientifique visionnaire et rêveur mais seul (Yves KRAMER,) et un milliardaire apprenant qu'il va mourir d'un cancer (sorte de Bill Gates du nom de Gabriel Mac NAMARA), s'unissent dans le pari fou de sauver l'humanité malgré elle, au travers de ce qu'ils considèrent être le dernier espoir de l'homme, le seul et unique : la fuite. Quitter la Terre à bord d'un gigantesque voilier solaire, Le Papillon des étoiles, emmenant à son bord pas moins de 144000 hommes et femmes, pour un voyage de 1000 ans, destination l'étoile la plus proche et son système solaire abritant des planètes.
Voilà pour le postulat de base ; ce dernier est par ailleurs séduisant, et constitue la première partie de ce livre découpé en trois phases.
Si la forme, elle, reste acceptable, et que cette mise en bouche paraît alléchante, il apparaît malheureusement assez vite que l'auteur ne remplira pas son carnet de route, ou du moins pas avec l'application et le zèle qu'on a pu lui connaître.

Rapidement le récit devient approximatif, brouillon et enfantin dans l'enchaînement quasi magique des évènements. Les allégations scientifiques qu'il avance, sans explications aucune, ne soutiennent pas deux secondes la critique, et la façon dont la construction du vaisseaux stellaire se passe est d'une naïveté sans précèdent.
Imaginez un vaisseaux cylindrique aux dimensions jamais vu (1KM de long pour plusieurs centaines de large) construit par plus de 144000 hommes réunis dans une ville construite dans le désert. Et personne n'est au courant avant que les premiers essais ne soient effectués .Les réactions des gouvernants et du reste de la population mondiale, relèvent plus de la caricature que de la fiction réfléchie. Pire, la scène ou le héros sauve in extremis son chat porte bonheur sur la passerelle d'embarquement, de la vindicte des gendarmes venus empêcher le décollage du vaisseaux, n'a absolument rien à envier aux plus pathétiques scènes de sauvetage in extremis du chien de service...
Durant la seconde partie du livre, le voyage à bord du vaisseau, la psychologie des rapports humains, l'étude sociale qui pourrait découler d'une telle entreprise n'est même pas abordés. En lieu et place sont évoqués des sociétés et des gouvernements tous plus utopiques et caricaturaux les uns que les autres. Nous passerons ainsi de la société baba-cool/retour à la terre, à la dictature rose bonbon, en passant par les royaumes théocratiques et fratricides. Evoquer 1000 ans d'histoire humaine en si peu de page, était un pari risqué, et non remplie. Le récit en deviendrait presque comique malgré lui ; pourtant le sujet était porteur et l'intention louable.
La dernière partie, réserve elle aussi sont lot d'incongruités, de mièvreries, et d'idées mal exploités. Ainsi des 144000 hommes et femmes embarqués, il ne reste que 6 descendants...une femme, et cinq hommes, tous plus à la lisière du néolithique que de l'homme moderne. Et pourtant ils sont encore capables de diriger le Cylindre, et même de partir dans le module d'atterrissage direction la nouvelle Terre. Seuls deux des rescapés ont pu embarquer, et ont pour mission de reconstituer une nouvelle humanité, au travers du clonage de la faune et de la flore sur la base de leur ADN au préalable congelé dans une soute spéciale de leur module. Mais une dispute de couple complètement ahurissante est à deux doigts de ruiner cette entreprise de 1000 ans.

Bref cette dernière partie manque elle aussi cruellement de substance, et révèle un creux scénaristique assez affligeant. Le livre se terminant sur une allégorie biblique totalement déconcertante, vu le ton très anti-religieux de tout l'ouvrage, c'est à n'y rien comprendre.

Dire que j'ai été déçu est un faible mot. Cet auteur m'avait habitué à mieux, bien. L'idée de base du livre est des plus intéressante, malheureusement le développement ne suit pas, à aucun moment l'auteur ne réussi à être convainquant. Le tout ressort plus comme un brouillon rendu à la hâte entre deux projets qui l'occupent, que comme une réflexion aboutie sur un sujet on ne peu plus actuel et riche en expectatives.
De loin l'ouvrage à oublier de cet auteur pourtant original, intéressant, et prolifique.
Cosmoclems
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le 2 déc. 2010

Modifiée

le 19 sept. 2012

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Cosmoclems

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