Voici donc le premier tome d'une heptalogie particulièrement réputée, souvent citée parmi les grandes réussites de Stephen King : La Tour Sombre, prodigieuse saga dont cet étrange premier épisode constitue une sorte d'antichambre narrative pour le moins intrigante...
Proche de l'abstraction féérique, Le Pistolero est un chapitre au style parfois ampoulé, pétri d'un vocabulaire un brin présomptueux mais paradoxalement fascinant. King ménage les informations en épurant au maximum son récit, sorte de traque morganatique semblant exister hors le temps. Si l'on sent le manque d'unité dudit tome - d'une hétérogénéité mêlée d'analepses et de longs moments de flottements au coeur desquels il ne se passe que peu ou prou d'incidents déterminants - on distingue pourtant un sens aiguisé de la créativité ; Stephen King, s'il se montre parfois maladroit dans l'enchaînement des situations qu'il développe laborieusement, instille pléthore d'éléments d'un univers particulièrement chargé, se bonifiant de chapitre en chapitre...
Il faut effectivement faire l'effort de lire cet épisode préliminaire dans son intégralité, curieux mélange de western leonien et d'heroic fantasy plutôt déroutant dans sa conception disparate. Nous n'en dirons pas davantage au sujet de cet opus plutôt chiche en matière d'informations, opus du reste défini par le romancier comme étant "la fin du commencement" : tout un programme !