Ce ragoût est un recueil de poèmes en prose et de courts récits plutôt autobiographiques, qui vont de l'enfance de Charles Bukowski à ses vieux jours. On y trouve différents thèmes, sa passion pour les paris hippiques, et de façon inattendue, on rencontre des entraîneurs de boxe ou de baseball. Il y a bien sûr des filles, et le démon de toujours de ce cher Bukowski, l'alcool. Contrairement aux Contes de la folie ordinaire, ici il utilise un pseudonyme pour son personnage, mais qui le dissimule à peine : Harry Chinaski. Les autres protagonistes ont tous des noms qui sembleraient tout droits sortis d'une bande des années 50, Monty, Larry, Dave, Tommy... Les récits sont éclectiques, on le découvre à la rue, dormant sur des bancs et mendiant des bières, et au volant de sa BMW noire allant chercher sa carte gold, et il n'a pas l'air plus malheureux avant qu'après. Il n'y a pas vraiment d'ordre chronologique, mais au début et dans quelques autres occurrences du livre on fait connaissance avec le père de l'auteur, un tyran qui se ment à lui même, et qui a passé sa vie à terroriser sa famille. La mère n'est présente que dans un seul poème, elle est gravement malade, un cancer, Bukowski va la voir, mais, se sentant mal à cause d'une gueule de bois, il fuit vite l'hôpital, à son retour le lendemain, elle est morte. Il nous livre ses interrogations intimes quant à la mort, aux autres, à la société. Il y a quelques poèmes surtout qui sont de simples provocations : aux critiques, à ses lecteurs, à ses éditeurs. Le ragoût du septuagénaire c'est des fragments de la Vie de tout les jours, parfois tragique, drôle, affligeante...



J'avais émis une critique négative en lisant Les contes de la folie ordinaire, mais j'étais très étonnée de ne pas apprécier cet auteur étant donné que ma chère Valériane l'adore et que d'habitude nous avons exactement les mêmes goûts. J'ai donc emprunté celui-ci à la médiathèque afin de mettre mon premier avis à l'épreuve, à savoir : que Bukowski était un sale prétentieux qui n'avait rien à dire mais qui le disait bien. Et j'en suis revenue, Le ragoût est un recueil qui m'a énormément touché, Bukowski n'a pas autant la grosse tête, sauf dans quelques poèmes mais c'est vraiment anecdotique. On le voit comme un individu comme les autres, avec ses doutes, ses peines, écrites de façon sublime, sans enrober les choses dans un amas d'adjectifs inutiles. Il va droit au but, vise le sentiment et le met à nu, on ne peut que se sentir proche de ce vieillard asocial, qui au fond n'a qu'une peur c'est être "banal". Qu'il se rassure, il en est loin. Il est entraîné dans des aventures rocambolesques où, bien qu'il veuille se donner une image de mauvais garçon pervers, il n'arrive pas à adhérer au mal : comme dans le pénultième récit où il se refuse de violer une jeune beauté ou tout simplement le dernier quant il fait montre d'une patience extraordinaire devant les crises psychotiques de sa femme. Ses scènes de vie quotidiennes m'ont fait penser à un de mes auteurs préférés Raymond Carver, tout deux ont le chic pour mettre en avant les petites choses qui font que le monde ne tourne pas rond, ce qui tue un couple, ces regards échangés dans une file d'attente... Je me dois donc d'admettre que malgré mes dires dans l'article des Contes, que Bukowski est un des plus grands poètes contemporain, et merci à Valy d'avoir insisté pour que je le lise.
Diothyme
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le 21 févr. 2011

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