Style d'écriture retors sur un portrait de femme qualifiée de folle par sa vieille amie; le décor est planté, la lecture du ravissement de Lol ne sera pas une partie de plaisir. Vous l'aurez compris, j'ai eu beaucoup de mal à accrocher à cette syntaxe compliquée (je sors aussi de La nuit des temps dont le style est plus que simple...) m'obligeant à relire plusieurs fois certaines phrases pour en saisir le sens (je ne me suis souvenue de la règle syntaxique des virgules qu'à la presque fin...).


Il n'en reste pas moins que cette prise de tête nous indique clairement qu'il n'est pas question de raconter la life des premiers venus; les descriptions des personnages principaux (surtout Tatiana, je trouve) soignées soulignent la volonté de Duras de nous peindre des portraits singuliers.


La force de ce bouquin réside aussi dans la description poussée des comportements mystérieux de Lol. Il est vrai qu'à s'y pencher, il est difficile de se mettre à la place de quelqu'un qui semble présenter des troubles mentaux et des blessures profondes. Duras dépasse alors cette barrière psychique grâce à la complexité de son style lui permettant de jouer et choisir ses mots.


Toutefois, comme c'est soulevé à plusieurs reprises, les mots manquent, nos états d'âme sont parfois insaisissables... C'est ce que j'ai ressenti lors des balades de Lol, il m'est arrivé de me reconnaître dans cette volonté de sortir pour fuir ou s'oublier, mais impossible de décrire avec précision cet état presque second dans lequel le cerveau semble s'être un peu fait la malle...


Insaisissable, la vérité l'est aussi. Le narrateur choisi nous conte l'histoire de Lola Valérie Stein à travers les bribes dont il dispose et recompose comme un puzzle tandis que son attirance pour elle ainsi que ses aveux d'invention de certains passages laissent le doute quant à sa fiabilité. On ne peut pas savoir qui est réellement Lol, elle reste à jamais proche physiquement mais inaccessible (aussi car elle se ment à elle-même, ce qui explique entre autres ses errances dans la ville).


Le thème principal de cet ouvrage, à savoir l'amour (so imprévisible Lol), est présenté ici comme une salvation : il permet la vie (Lol est comme en léthargie quand elle ne ressent pas de profond amour) et lui seul rend possible le processus deuil. Mais quand il frappe, il rend l'existence complexe et peut la briser.


[Conclusion]


Même si le style me rebute et que les histoires de love complexes comme celle-ci m'insupportent en général, force est de constater que ces 180 pages sont très denses. Les grands thèmes abordés (vérité, amour, bonheur, langage...) du début à la fin sont portés par des personnages singuliers évoluant dans des lieux choisis tout aussi minutieusement (bal, belles maisons, hôtel...). C'est ce que je pourrais reprocher à Duras : à trop vouloir se rapprocher d'une certaine forme de perfection, on en perd toute authenticité. Il m'est compliqué de m'attacher à des personnages semblant évoluer ( physiquement et mentalement) dans un univers lontain où absolument rien ne se déroule dans la simplicité...

clem246
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le 27 juin 2020

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Clem Mp

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