António Lobo Antunes livre comme septième œuvre littéraire, Le retour des caravelles (1988). L’écrivain qu’il est, revient sur l’histoire des rapatriés d’Afrique au lendemain de la décolonisation. L’œuvre écrite en est des plus particulière puisque son auteur décrit ces faits à Lisbonne laquelle accueille un flot de déracinés portugais qui portent les noms des grands navigateurs, poètes ou encore rois lusitaniens. Les héros historiques portugais se font échos d’un déclin passé au présent. Il y a Vasco de Gama, Luis de Camõens ou bien encore Pedro Alvares Cabral. Ils sont tous perdus dans une ville, un pays qui n’est plus le leur.


António Lobo Antunes qui s’est déjà illustré avec des œuvres fortes telles que Mémoire d’éléphant (1979) et Le cul de judas (1979) signe ici un roman de pur délire stylistique. Le Retour des caravelles est d’autant plus un exercice de style puisque Lobo Antunes fait appel à des figures emblématiques et incontournables de l’Histoire du Portugal qu’il malmène pour raconter la situation du rapatriement. Il nous met fasse à un maelstrom de situations sordides où l’on s’enfonce dans une ville grouillante en pleine déliquescence avec ces mythes lusitaniens tout aussi peu reluisants.


Á la limite de la caricature, Lobo Antunes insuffle dans ses écrits une sorte de démystification de ces hommes devenus sous sa plume des personnages vils, cruels et cyniques. On vit avec eux un doux délire éveillé quelque peu groggy. Ici, tout se mélange : les équipages du 16ème siècle et l’O.T.A.N. Ces anachronismes qui parcourent Le Retour des caravelles, sous la plume de Lobo Antunes rendent l’œuvre vivante et excitante. Elle est d’une profonde ingéniosité et les hyperboles employées comme la métaphore apportent une puissance dans chaque mot.


Le Retour des caravelles d’António Lobo Antunes est une œuvre écrite superbe par sa mise en scène des grands noms historiques et d’une description sans concession d’une période en ébullition du Portugal. Cette façon qu’a l’auteur de mélanger ces histoires personnelles et humaines dans l’Histoire (si ce n’est l’Histoire qui s’invite dans ces histoires) est tout bonnement remarquable. Dans tout les cas, Le Retour des caravelles est un roman qui se lit de bout en bout avec une facilité enivrante même pour ceux qui pêchent dans leurs connaissances historiques.


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IllitchD
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le 27 août 2013

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