Gabriel abandonne ses études de médecine pour s'engager dans l'armée française. Il raconte les combats en Afghanistan et son retour à la vie civile.

Difficile de croire que « Le revolver de Lacan » est un premier roman. Originalité, style parfaitement maîtrisé, construction aboutie : Jean-François Rouzières marque des points pour une première œuvre. Ce psychanalyste suit pas à pas Gabriel, le personnage principal, militaire de carrière dans la première partie, patient dans la seconde, médecin au final.
Les premières pages sont un peu déstabilisantes. Pour raconter le quotidien de Gabriel, engagé dans l'armée française, militaire d'élite faisant équipe avec Nadja, le Géant et Capa, l'auteur a choisi une construction sèche, saccadée, comme ces coups de feu incessants dans les multiples accrochages avec les terroristes terrés en Afghanistan. Cela semble très éloigné d'une certaine littérature classique, mais cela donne encore plus de force à ces passages au fort taux d'adrénaline. Et une fois le combat achevé, de retour au camp, Gabriel ne se donne aucun répit : « Sommeil. Réveil. Corps qui demande à vivre. Contrainte. Entraînement. Je ne connaissais rien de plus abrutissant. Mais j'en redemandais. Je ne saurais pas nommer cette force qui me pousse à ne pas être. A mourir. A s'avilir. A se consumer à petit feu. Dans une programmation suicidaire. »

Mathilde, amour impossible
On comprend rapidement que Gabriel a un réel problème avec la vie. Amoureux fou de Mathilde, cette dernière a préféré la sécurité à la passion. Elle s'est mariée, a eu des enfants d'un mari insipide mais riche et rassurant. Régulièrement, Gabriel retourne revoir Mathilde. Cela donne des scènes aussi violentes que les combats, le sexe en plus.
Finalement Gabriel quitte l'armée. Nadja est morte au combat, il n'a plus la force de se battre. Devient même muet, comme absent de cette existence qu'il ne cautionne plus. De retour à Paris, il s'installe dans une petite chambre et cherche à oublier ses problèmes existentiels en se dépensant physiquement. Il court de dizaines de kilomètres dans la ville, de jour comme de nuit.

Le mistigri de la psychanalyse
Un jour, arrivé près d'un parc, il remarque sur une porte d'entrée la plaque d'un psy : « Monte-Cristo, psychanalyste ». Gabriel force presque l'entrée et se lance dans une analyse imposée à un étrange médecin très fier de posséder le revolver de Lacan pour se défendre. Une véritable complicité va s'installer entre Monte-Cristo et Gabriel qui communique par écrit. L'ancien militaire va presque devenir dépendant de ces séances asséchant ses économies. Jean-François Rouzières change de style pour cette partie. Plus détendue, ludique et joyeuse à l'image de cette fin de séance : « Monte-Cristo me fit un clin d'œil et esquissa comme un pas de danse.
Je suis le mistigri de la psychanalyse ! Eh oui ! Le mistigri de la psychanalyse ! »
Dans la troisième partie du roman, Gabriel s'assagit enfin. Il reprend ses études, mais ne quitte pas l'action et l'uniforme du militaire. Il devient chasseur. Et boucle la boucle avec Mathilde. « Le revolver de Lacan » est aussi une histoire d'amour. Fou.
litout
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le 13 févr. 2011

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