Ce petit roman de la maison Soulières nous mène en 1962, cinq ans avant l'Exposition Universelle de 67 à Montréal, qui n'est pas encore une métropole, qui n'a pas encore de réseau de métro et qui est encore teinté du ségrégationnisme racial qui gangrène l'Amérique du Nord.


Clara a 13 ans et pourrait devenir une formidable pianiste. Issue d'une famille de noirs, dont seule Mamie Lou est blanche de peau, elle vit au sein d'une famille aimante et dynamique, qui fait face aux impondérants de la vie au mieux de ses capacités. Mais en ce soir de spectacle dont elle tient l'ouverture, Clara ne voit qu'une chose: ses parents, qui occupaient la première rangée, chassés de leurs place par un couple de riches blancs. Elle pourrait faire semblant de ne rien voir, mais ses doigts restent suspendus au dessus des touches et le souvenir de Rosa Parks, qui avait refuser de céder sa place dans un autobus à des blancs, lui revient.


C'est une histoire courte, mais très pertinente, sur une jeune adolescente de cette époque honteuse où le racisme était au plus fort. On a tendance à penser que le Canada, ce pays de "gentils" n'a pas connu ce problème qui est très associé aux États-Unis, et pourtant! Oui, le racisme était omniprésent, ce qui pour un pays aussi cosmopolite est vraiment un comble. Dans ce roman, il est surtout question de statut social, qui clivait déjà les anglais des autres groupes sociaux, mais qui en plus séparait les couleurs de peau. Les personnes racisées qui devaient s'asseoir derrière, qui n'accédaient pas aux plus hautes fonctions publiques, qui peinaient à avoir un travail malgré leur diplôme, etc.


C'est un tour d'horizon rapide sur le racisme, mais ce n'est pas le seul sujet. Ici, on parle aussi de musique, du jazz, du piano, des artistes qui choisissent de vivre de la musique, des sacrifices et des heures de travail que cela exige. Clara doit en plus réussir à concilier le travail, l'école , la vie familiale avec ses répétitions.


J'ai trouvé ce petit livre intéressant et même mignon, avec cette grand-maman super encourageante et doté d'une bonne tête. On nous évoquera quelques éléments historique sur la ville aux cents clocher sont l'arrivé de l'Expo 67, des travaux pour le métro, les tensions politiques qui sont associées au Front de Libération du Québec ( FLQ) et bien sur, la lente progression des droits civiques.


Le titre fait référence à ce bibelot de porcelaine en forme de tigre qui occupe la tablette au dessus du piano, comme sur la couverture. Il évoque la persévérance et le dépassement de soi.


Cette fiction est en partie basée sur l'histoire de Nina Simone, qui "refusa de jouer du piano tant que ses parents ne récupéraient pas la place d'où on les avait chassé en raison de leur couleur de peau", selon le commentaire de l'autrice, madame Marcotte. Elle ajoute qu'elle admire ce genre de courage et se demande si, à la place de cette adolescente, elle aura fait de même. Son roman est donc inspiré de sa réflexion.


À voir!

Shaynning

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