Le troisième policier, c'est un véli-vélo presque insoluble, une énigme aux virtualités insondables (sic), un chef-d'œuvre de l'irlandais psychédélique, bipolaire, fantastique, absurde Flann O'Brien.
Publié de façon posthume en 1966, le roman est dans la plus pure tradition de métafiction et de satire propre à l'auteur. Il reprend son même style humoristique adopté dans son premier roman Swim-Two-Birds et pousse encore plus loin la fiction. Dès le début, il pose son rythme.
Si je n'avais pas perdu ma montre américaine en or, j'aurais pu savoir
quelle heure il était.
Tu n'as pas de montre américaine en or.
Et un peu plus tard, vers la fin du récit il écrit :
Si l'on avait retrouvé ma montre, je te l'aurais donnée de bon cœur,
tu aurais sûrement trouvé un moyen de la prendre.
Mais tu n'as pas de montre.
J'avais oublié.
Il y a un personnage nommé régulièrement, qui n'apparaîtra jamais, ni dans ce roman, ni dans ses autres (repris dans L'Archiviste de Dublin) ; il s'agit de De Selby, et fera penser notamment à Borges — dont Swim-Two-Birds est une référence pour lui, ou encore Jorges dans Le nom de la rose.
Etendu sur le lit, à demi conscient, il n'est pas étonnant que mes
pensées se soient tournées vers De Selby.
Rien d'extraordinaire, devant l'infinie sagesse et renommée du célèbre De Selby cité à tort et à travers tout au long du récit par le protagoniste anonyme faisant de lui un exégète vivant d'interprétations et d'aventures rocambolesques.
De Selby, physicien, balisticien, philosophe et psychologue (sic), érudit, scientifique, théoricien ou savant fou touche-à-tout, aux multiples commentateurs connus tels que Kraus ou Du Garbandier pour en citer quelques uns.
Enfin, pour répondre à la question est-ce à propos d'une bicyclette ?, je répondrai que oui, mais pas uniquement. C'est avant tout un commentaire de l’œuvre selbiesque — n'oublions pas que c'est pour De Selby que le protagoniste a commis son premier vrai péché (sic) — sur la Terre en forme de saucisse, la théorie atomique, la lumière, etc. Et enfin, des unijambistes et des jambes de bois, puis les vélos viennent après.