Encore une pépite de Thomas Hardy, quel écrivain !


Il y a des fois où je me mettrais des baffes. Alors que je suis plongée jusqu'au cou depuis des années dans la littérature anglaise du XIXème siècle, c'est seulement maintenant que je découvre réellement l'oeuvre de Thomas Hardy, un grand écrivain qui a fait une entrée triomphale dans mon Panthéon personnel depuis la lecture de son sublime "Loin de la foule déchaînée".


Avec "Le trompette-major", j'ai pris un plaisir égal à parcourir les douces collines de son cher Wessex (actuel Dorset), à faire la connaissance de ses personnages principaux et secondaires truculents - attachants pour certains, horripilants pour d'autres - et à suivre leurs aventures, si l'on peut appeler ainsi le quotidien d'un groupe de villageois.


Un quotidien qui n'est pas à traiter avec mépris, loin de là. Nous sommes ici en 1805 et la famille Loveday - meuniers de pères en fils - prépare ses deux fils, John et Robert, à faire la guerre au redouté et redoutable - quoique petit par la taille - Boney. Le Wessex étant situé sur le littoral sud de l'Angleterre, la mer fait partie du décor, ainsi que les landes qui couvrent les côtes et les falaises qui dominent ses flots.


Le meunier Loveday, père de John et Robert, est un homme simple et bon. Il héberge depuis de nombreuses années dans une partie du moulin une veuve, Mme Garland, instruite, encore jeune, ainsi que sa fille Anne, une jeune fille inexpérimentée mais d'une distinction qui tranche nettement avec la rusticité des lieux où elle vit. Jusque là, vous pourriez-vous vous étonner de mon enthousiasme ; en effet, il ne semble pas y avoir de quoi fouetter un chat. Faux. Ce serait sans compter sur le formidable don de conteur de l'auteur qui met dans chaque phrase un geste significatif, dans chaque parole une intention et dans chaque relation une belle émotion.


C'est un heureux hasard si j'ai lu la semaine dernière "Les amoureux de Sylvia" d'Elizabeth Gaskell car beaucoup de thèmes sont communs aux deux romans, notamment la violence de la press gang (enrôlement forcé des "volontaires" pour la guerre par le rapt), la menace napoléonienne, mais aussi le très beau travail fait autour de l'analyse des sentiments, ce dernier point étant d'autant plus remarquable de la part de Hardy, un homme de la fin du XIXème siècle.


Comme dans "Loin de la foule déchaînée", j'ai été agréablement surprise par la subtilité apportée à l'étude psychologique des personnages et par la verve pleine de saveur - et d'humour - d'un auteur qui n'a de cesse de ménager des rebondissements de nature à faire battre plus vite le cœur de ses lecteurs.


Evidemment, je recommande.

Gwen21
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le 2 juil. 2015

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Gwen21

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