Winter is Coming (et avant qu'on en ait finit, Spring, Summer, Falls, pis encore Winter...)

Nous y voilà. Tout comme la vue du Mur doit être impressionnante et écrasante, faire une critique de cette saga s’avère assez intimidant. Mais quand il faut se lancer… Donc, l’histoire de A Song of Ice and Fire se découpe en plusieurs chapitres : A Game of Thrones, A Clash of Kings, A Storm of Swords, A Feast for Crows, A Dance with Dragons, ainsi que The Winds of Winter et A Dream of Spring, à paraitre. Chacun se découpe lui-même en chapitres POV, qui narre l’histoire depuis le point de vue d’un personnage en particulier. L’histoire, justement, parlons-en.


Le continent de Westeros est divisé en sept royaumes, tous unis sous la férule du Trône de Fer. Robert Barathéon, le roi, s’en va dans le Nord, afin de solliciter son ami Eddard Stark afin qu’il accepte la charge de Main du Roi. Malgré son peu d’enthousiasme à l’idée de quitter ses terres et de fréquenter les Lannisters, autre famille influente dont est issue la reine Cersei, celui-ci accepte. Mais c’est sans compter sur Viserys Targaryen et sa sœur Daenerys qui, depuis un autre contient, espèrent bien récupérer le trône usurpé par Robert.


Résumer l’histoire est quasiment impossible, tant les fils scénaristiques se croisent et se dénouent à longueur de temps. Et c’est là l’un des tours de force de l’auteur : nous garder attentifs pendant près de 5000 pages. Même si toutes les intrigues ne se valent pas forcément, même si l’on peut trouver bien plus de charisme à certains personnages qu’à d’autres, le récit est relativement homogène et ne subit qu’assez rarement de réels creux. D’ailleurs, une mention spéciale sur l’univers de Martin, réellement cohérant et truffé de détails, descriptions et personnages secondaires qui rendent véritablement consistant le récit. De même, les personnages sont traités avec un soin tout particulier et l’une des forces du récit, autant qu’une marque de fabrique de l’auteur, est de ne pas hésiter à faire mourir ses héros. Bien malin qui peut prédire le destin de tel ou tel personnages, et certains chapitres nous feraient verser des larmes, à peu de choses près (non, je n’ai pas pleuré aux Noces Pourpres !). Cela donne une réelle force au récit en cassant le côté « inamovible » de certain récit. Oui, on tremble pour Frodon dans le Seigneur des Anneaux, mais on sait que cela va bien finir pour lui. Ici, pas vraiment de parti prit, chaque « clan » renfermant son propre lot de héros et d’ordures, les uns passant allégrement d’un bord à l’autre. C’est d’ailleurs une autre force du récit que d’avoir su faire évoluer ses héros, l’exemple le plus frappant étant celui de Jaime, le frère incestueux de Cersei. Très intéressant, d’ailleurs, le cas de Jaime, puisqu’il met le doigt sur le problème du sens du devoir, et ses limites : parce qu’on l’a juré un jour, doit on protéger un roi fou et meurtrier sans rien dire et ne pas se parjurer (comme ser Barristan le Hardi) ou bien ce type de serment à t-il une limite, auquel cas on encoure le risque de se voir mépriser et qualifier de Régicide ad vitae eternam (comme Jamie Lannister)? Des dilemmes comme ça, l’auteur nous en truffe à longueur de récit, poussant parfois certains personnages à se livrer à des actes contraires à leurs principes initiaux. Et ça, c’est quand même plutôt bien trouvé !


On est ici dans un récit fantastique : oui, Daenerys a des dragons, oui Mélisande a des pouvoirs occultes ; oui, il y a des change-formes, des géants et des mammouths… Mais globalement, à ces quelques touches près, l’histoire de Game of Thrones pourrait parfaitement être véridique. Car plus fort que le côté fantastique, c’est le côté profondément humain qui charme dans cette saga. Les trahisons, les complots, les ascensions et les chutes. De toute façon, si le récit n’était pas excellent, jamais l’on ne pourrait « supporter » des tomes et des tomes de ce récit qui avance lentement, qui mûri doucement mais sûrement, jusqu’au final, qu’on peut supposer énorme.


En somme, un véritable monument de la littérature fantastique, qui nous emporte dans un tourbillon d’aventures et de sentiments. Alors oui, on va débattre encore et encore (et encore) sur l'éternelle question: qui est le meilleur, de Tolkien et de Martin. Et qui est le meilleur, de Céline ou d'Aragon? Débat sans fin, puisque sans réponse possible. Une chose est sûre: l'œuvre est monumentale, le monde cohérent, les récit est palpitant. Moi, ça me suffit!

Chat-alors
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le 24 août 2017

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Chat-alors

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