Quel étrange livre... Souvent dérangeant, voire choquant. Notamment dans la position que l'auteur prend face au monde arabe, tel un frère égal, sans ne jamais poser la question de la colonisation, ou au sujet de sa sexualité et son goût pour les jeunes garçons... L'âge n'est jamais vraiment indiqué, on assiste à des espèces d'odes de l'élan vital où la jeunesse serait avant-tout un combat contre la mort, et puis il y a une certaine pudeur, des feux de cheminée craquent dans la nuit, on se réchauffe à deux et avec d'épaisses couvertures de laines qui trainaient quelque part sur le sol. Comme dans un balcon en forêt, avec son personnage de Mona, toutes ces relations amoureuses se passent dans l'atmosphère d'un rêve, où le beau et la poésie dépasse le sens moral. Je ne sais pas trop quoi en penser, j'ai même presque peur d'y penser en fait, ou d'écrire à ce sujet. Car c'est peut-être là où se situe la force du livre, la délicatesse des images et des scènes nous paraissent plus nobles et plus proches et plus réelles que toute bassesse à laquelle on pourrait vouloir aussi la circonscrire. Augiéras cherche dans son livre une vie débarrassée de l'idée du mal, plus archaïque peut-être, et chaotique - fondamentalement contre le temps de l’Europe et le temps chrétien. A méditer...