Mon adolescence a été bercée par les textes de H.P. Lovecraft, Claude Seignolle, Graham Masterton... Plein d'autres et Jean Ray. Une réédition du Carrousel des maléfices pouvait ne pas sembler capitale aux amateurs puisque les cultissimes éditions Marabout et Neo étaient passées par là. Bien sûr que j'avais lu ces textes et que je savais que ce serait une joie de les retrouver mais c'est la couverture illustrée par Philippe Foerster qui m'a décidée. Quand j'étais jeune, Foerster participait à Fluide Glacial et ses bd sombres mais jamais dénuées d'un humour bien grinçant étaient mes préférées de la publication.
Quand on relit des années plus tard des textes qui ont marqué votre jeunesse, on prend toujours le risque d'être déçu. Nos goûts ont changé, le style actuel des auteurs que l'on apprécie est parfois moins comme ci, plus comme ça... En fait il est juste différent et bien souvent on ne retrouve pas la ferveur connue autrefois avec nos classiques.
J'ai été incroyablement surprise par la modernité de la plume de Jean Ray. Un rythme soutenu, des phrases percutantes et même s'il use en amoureux de la langue d'un vocabulaire souvent soutenu, il reste très accessible. Peu ou pas de descriptions, de l'action, de l'action, de l'action et des thèmes parfois très audacieux, souvent très poétiques. On ressort de ce recueil en se disant qu'avec l'auteur, on vient de faire quelques rêves. Mais des rêves glauques, épais, empoisonnés toujours prêts à nous épouvanter.