Gyula Krúdy est un écrivain hongrois particulièrement prolifique du début du XXe siècle, dont une des œuvres les plus populaires est le « cycle de Sindbad », dont le héros, lointainement inspiré du Sindbad des Mille et une nuits, est une sorte de marin légendaire (mais sans navire), rusé et séducteur, qui traîne ses guêtres dans tous les recoins de la Hongrie.
Le Château français est le premier roman de ce cycle, et Sindbad y fait la connaissance dans une petite ville bourgeoise de deux femmes, Georgina et Mariett, qui, quittées par le même homme, vivent ensemble. Sindbad, grand cœur d’artichaut, en tombe bien sûr amoureux - sans trop savoir, passé un certain point, laquelle des deux femmes il aimerait le plus -, et va les aider à s’extraire des embûches que leur tend le curieux ex-mari, à la fois distant et jaloux. C’est un court roman assez encombré, où se succèdent les conciliabules d’antichambre, les coups d’éclat au théâtre - lequel occupe ici une place importante, avec une représentation cruciale de Roméo et Juliette notamment - et les scènes de cape et d’épée. L’atmosphère brumeuse est par endroits charmante, mais j’ai trouvé l’ensemble très vieillot. Pour reprendre les mots de Krudy lorsqu’il décrit un des salons bourgeois qui servent de scène à sa comédie de mœurs, « l’ancienneté avait ici quelque chose de vernissé qui semblait presque déjà maniéré ».