"Le dictateur qui ne voulait pas mourir" de Bogdan Teodorescu : dicter jusqu'au bout des temps

C’est un nouveau titre à ne pas manquer qui vient s’ajouter au catalogue des éditions Agullo. Le dictateur qui ne voulait pas mourir est le dernier roman de Bogdan Teodorescu, bien connu dans les librairies françaises depuis Spada paru en 2016 et finaliste du Prix du livre européen la même année. Que donne donc cette nouvelle parution offerte par l’auteur d’origine roumaine ? Lettres it be vous dit tout dans les lignes qui suivent !


La bande-annonce


Cloîtré dans une serre au verre sali par la pluie, d’où il dirige la Roumanie d’une main de fer depuis plus d’un demi-siècle, le dictateur s’apprête à lancer son grand défi à l’Histoire. Pour échapper à l’érosion du temps, il a fait construire en secret un portail entre présent et passé, capable de ramener les morts. Et demain, il ramènera le plus illustre d’entre eux : un grand homme, un grand guerrier, un grand patriote... Michel Le Brave.


Mais quand le leader d’une époque où empaler ses adversaires était pratique courante débarque dans notre réalité, les réactions en chaîne sont pour le moins imprévisibles...


Dans ce roman énigmatique, Bogdan Teodorescu nous confronte à un passé qui vient rappeler que l’homme reste un loup pour l’homme.


L’avis de Lettres it be


« […] le porte-voix d'auteurs d'ici et d'ailleurs qui expriment et partagent leurs histoires, leur culture, leurs joies, leurs espoirs et par-dessus tout, leur humanité. » C’est ni plus ni moins le leitmotiv des éditions Agullo qui assurent la parution de ce dernier roman de Bogdan Teodorescu. L’auteur roumain revient dans le catalogue de cette maison d’édition en pleine expansion, pour notre plus grand plaisir, et propose cette fois une fiction sur les derniers temps d’un dictateur en mal de popularité. Mais loin de n’offrir qu’une rêverie politico-sociale, l’auteur également journaliste et professeur de marketing politique et électoral met à notre disposition une véritable réflexion sur notre Histoire proche et les temps qui nous attendent.


Au cœur d’une Roumanie de quasi-fiction, un simili-dictateur rêve de faire revenir les héros du passé pour mieux régner et attiser les passions populaires pour les grandes figures en assurant par la même occasion sa pérennité. C’est le point de départ choisi par l’auteur pour proposer un roman qui se situe à la frontière de nombreux genres, de nombreuses classifications. Difficile en effet de s’arrêter sur un qualificatif pour ce Dictateur qui ne voulait pas mourir. D’un humour assumé, on passé sans coup férir à une réflexion sur nos systèmes politiques bien actuels et passés, voire à une mise en lumière des diverses manipulations politiciennes que nous pouvons avoir à subir ces temps-ci. En effet, la résurgence des figures du passé, l’appropriation des tranches d’Histoire pour tenter d’éclair le présent, tout cela et bien d’autres choses encore sont autant de situations que l’on retrouve dans nos sociétés, à regret. Et Bogdan Teodorescu s’en amuse, pour notre plus grand plaisir !


Après le témoignage poignant de Marion Le Roy Dagent dans L’enfant et le dictateur qui nous amenait à vivre au côté d’une enfant meurtrie dans les derniers jours du règne du dictateur roumain Nicolae Ceaucescu, Bogdan Teodorescu allège les débats et propose une saillie politique qui oscille entre humour féroce et réflexion profonde. Une lecture surprenante, inclassable, globalement bien construite, et qui confirme tout le bien que l’on pouvait penser jusqu’alors au sujet d’un auteur qui devrait nous offrir de nouveaux coups de collier politico-socio-romanesques dans les années à venir.


Retrouvez la chronique en intégralité sur Lettres it be : https://www.lettres-it-be.fr/critiques-de-romans/auteurs-de-p-%C3%A0-t/le-dictateur-qui-ne-voulait-pas-mourir-de-bogdan-teodorescu/

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le 11 mai 2018

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