Hans Bengler ne voit guère d'avenir dans sa froide Scanie, la seule voie qui l'attend est le professorat, et ça ne l'enthousiasme guère. Après de courtes études de médecine qui l'ont dégoûté de par la froideur avec laquelle l'ête humain y est traité, il s'oriente vers l'entomologie. Il prévoit une expédition en Afrique afin de découvrir une mouche ou un papillon encore inconnu qui lui permettait d'accéder à la célébrité. Sa seule attache étant une jeune prostituée, il n'aura pas de mal à quitter sa patrie, après avoir longuement exposé ses plans à la demoiselle indifférente. Le voyage est périlleux, mais il arrive à bon port, là, l'ambassadeur suédois, bien que sceptique quant à son projet lui donne des vivres, un chariot et des bouviers pour le mener à bien. La traversée du désert est difficile, les accompagnateurs incompétents, et Hans prend très vite goût à l'autorité. Lui qui dans son pays n'était qu'un raté se transforme soudain en meneur naturel. Il découvre un scarabée aux antennes atrophiées qui n'est pas répertorié et le stocke précieusement, mais les ressources s'épuisent et il craint de périr au beau milieu des dunes. Heureusement, alors que tout semblait perdu, il tombe sur un village où il passera quelques mois. A l'aube de son retour, Bengler tombe sur un petit garçon dans une caisse, tel un animal, il a été échangé contre des denrées alimentaires. Révolté, il va prendre le destin de l'enfant en mains, comme son propre fils. Il le nomme Daniel et s'embarque vers la Suède.

El lisant les premières lignes de ce roman on pense avoir affaire à un polar, qui est le genre de prédilection de Mankell, puisqu'il est question du meurtre d'une petite fille mentalement déficiente. Puis, il n'en est plus du tout question, si bien qu'on en vient à oublier totalement son existence. J'ai bien essayé de chercher des indices sur cette mystérieuse affaire, la Miss Marple qui est en moi a vite laissé place à la lectrice, tant l'intrigue est passionnante.

Le sujet de la confrontation entre deux cultures -surtout dans un temps qui connaissait peu les mélanges (1870...)- était ardu ; en effet, il était facile de tomber dans le cliché du diable blanc colonisateur, chancre du monde.

Le propos de l'auteur est plus nuancé, Daniel a énormément de mal à se faire à la "civilisation", il se réfugie dans un mutisme impénétrable. De son côté Bengler parvient peu à peu à communiquer avec son fils en lui enseignant le suédois, mais il n'a que faire des états d'âme du garçon et de son passé. Le langage lui est purement utilitaire, et jamais affectif.

Daniel, introduit au christianisme , décide d'apprendre lui aussi à marcher sur l'eau pour retrouver sa terre natale, ce qui donne au récit une dimension de fable.

La vision des rêves est très belle, elle est envisagée comme moyen pour les morts d'interagir avec les vivants et de leur apporter des messages ou des avertissements. Mankell pose la question de l'hétérogénéité des cultures.

La fin est troublante et confronte le lecteur à la question des différences d'appréciation de la morale selon les cultures.
Diothyme
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le 7 févr. 2012

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Diothyme

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