Cela faisait bien longtemps qu'un roman historique ne m'avait pas autant immergée dans son récit, et cela fait bien plaisir.
Grâce à Marie-Paul Armand, nous traversons, aux côtés de Mathilde et des siens, toute la Révolution française, de 1789 à 1803.
Autrice du Nord très attachée à ses racines et à son terroir, Marie-Paul Armand situe l'action du "Pain rouge" dans un village situé à équidistance de Cambrai et de Douai. A travers les changements qui surviennent dans la vie quotidienne des villageois à coup de décrets constitutionnels puis républicains pas toujours rationnels, le lecteur vit la période bouleversée de la Révolution de l'intérieur, dans l'intimité des familles paysannes. La ville n'est pas oubliée pour autant car Mathilde s'y rend fréquemment pour vendre les produits de la ferme familiale au marché, ou pour rendre visite à des parents. Ce choix narratif offre ainsi une vision panoramique des événements.
Le récit chronologique réussit l'exploit de rendre cette complexe époque aux incessants chamboulements très vivante et compréhensible jusque dans ses évolutions les plus extrémistes ; ainsi les chapitres consacrés à la Terreur sont-ils particulièrement rudes pour les nerfs.
J'ai apprécié que ce roman essentiellement rural ne tombe jamais dans le cliché ou l'imagerie d'Epinal. Les personnages sont attachants mais avant tout crédibles.
"Le pain rouge" est vraiment un roman historique de qualité qui se lit facilement, même s'il l'on n'est pas expert de la période. Il constitue un témoignage intéressant et éclairant.
Publié en 1989 pour célébrer le bicentenaire de la Révolution, il offrit un écho convainquant au film "Chouans !" de Philippe de Broca, sorti l'année précédente - également à l'occasion du Bicentenaire -, et qui mit à l'honneur le talent de Sophie Marceau, Philippe Noiret, Lambert Wilson et Stéphane Freiss.