Un plaidoyer pour les civilisations celtes

Une première incursion dans l'univers de Peter Tremayne, et plus exactement dans celui de sœur Fidelma, une enquêtrice irlandaise. De la fin du 7ième siècle. Et même si j'apprécie le polar historique et suis féru de celtitudes, je n'aurai probablement jamais découvert cet auteur sans les conseils avisés de certains de mes éclaireurs. Ce qui aurait été dommage. Un seul regret, qui tient sans doute à mon côte psychorigide, ne pas avoir commencé par le premier opus d'une série qui semble en compter une petite trentaine. Mais ma librairie n'étant pas suffisamment achalandée, et ne voulant pas commander, j'ai pris celui qui semblait le plus ancien, en l'occurrence le cinquième. Bon, je n'aurais peut-être pas dû, car il semble que le personnage de sœur Fidelma évolue dans le temps, d'un roman à l'autre. Ainsi, que celui de son Docteur Watson, frère Eadulf, dont on pressent d'ailleurs qu'il va devenir par la suite un peu plus qu'un fidèle assistant.


Il n'empêche que, selon le schéma classique du policier d'investigation, "Le secret de Moen" est un roman à part entière, avec meurtre(s), suspects, enquête et dénouement. Sur ce plan, rien de bien nouveau, mais c'est bien fichu, avec un scénario solidement construit, sur la base d'événements qui semblent sans rapports les uns avec les autres, mais qui forment un tableau d'ensemble que la perspicace Fidelma parviendra à reconstituer, ce qui du coup lui apportera la solution de l'énigme, dont elle annoncera la résolution, en confondant le coupable, devant l'ensemble des suspects réunis en assemblée plénière. L'école Agatha Christie, en quelque sorte, avec tout de même un peu moins de finesse psychologique : c'est parfois un peu cousu de fil blanc, mais sans excès.


Et ce qui est intéressant, c'est évidemment la description historique du christianisme irlandais au 7ième siècle. Autant dire tout de suite que je n'ai pas le recul pour confirmer ou infirmer les thèses de Peter Treymane. Cela étant dit, il décrit un christianisme encore très imprégné des idées et des pratiques païennes antérieures, druidiques en quelque sorte donc. Dans lequel le célibat des ecclésiastiques n'est aucunement obligatoire, ce qui fait que Fidelma n'est pas cantonnée à une posture de vestale farouche. Et, en définitive, se dédie beaucoup plus au culte de la justice et de la loi (qu'elle connaît sur le bout des doigts) qu'à celui du bon Dieu. Le bouquin étant par ailleurs rempli de descriptions claires et précises de l'organisation sociale du monde rural de l'époque, c'est plutôt sympa dans le côté découverte.


Et Tremayne oppose nettement le catholicisme romain, c'est à dire tel qu'on le connaît aujourd'hui, qui commence à se répandre en Irlande, aux pratiques encore en vigueur dans ce pays, qu'il décrit - par opposition à celles du premier - comme empreintes de tolérance, de valeurs humanistes et universalistes, de proximité à la nature. Une thèse, certainement, que tout le monde ne partagera pas, mais à laquelle je me sens très enclin à adhérer...

Marcus31
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le 14 avr. 2018

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