Le Vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire par simonb

Sur la couverture, un vieil homme au regard ferme et déguisé en cochon nous regarde. Appuyé contre un mur, un bâton de dynamite allumé dans sa poche, c’est l’homme le plus sérieux du monde. Le livre s’ouvre le jour de son centième anniversaire. Notre fier papy décide subitement et unilatéralement qu’il ne sera pas de la fête. Il prend donc ses cliques et ses claques pour aller voir ailleurs si il s’y trouve. Il part à l’aventure, et rencontre toutes sortes de choses en chemin: une mallette pleine d’argent, un vendeur de hot-dogs, un marginal habitant dans une gare désaffectée et survivant en volant ses voisins, et même un éléphant.
Le livre alterne deux modes de narration: le récit de la fugue et des courtes biographies des personnages impliqués dans le roman. Le pari de l’auteur est risqué: démarrer une histoire en pratiquant le hors sujet la moitié du temps. Pour compenser, Jonas Jonasson nous offre des morceaux de vie complètement loufoques, comme cette bande de motard, qui souhaitant s’offrir une image de bad boys mais ayant quelques difficultés en écriture, porte fièrement l’inscription Violins à la place de Violence. Le livre regorge de perles et on suit rapidement avec autant d’intérêt l’histoire de cette bande de pieds nickelés moderne que les bouts de biographies déjantées qui parsèment le livre.
On s’accroche d’autant plus rapidement que le livre finit par se concentrer sur le passé d’une seule personne, le centenaire en devenir, notre héros: Allan Karlsson. Apolitique, athée, cet homme n’attend que trois choses de la vie. Qu’on le laisse tranquille, qu’on le laisse boire un petit coup de temps en temps, et qu’on le laisse pratiquer l’art de faire exploser des choses de la manière la plus efficace possible. Avec ce personnage, l’auteur s’est fixé une idée aussi simple que farfelue: comment articuler autour de lui l’histoire du XXème siècle. Il fait participer Allan à tous les grands évènements et lui fait rencontrer les personnages les plus emblématiques de cette période. L’exagération comme forme d’humour, mais surtout la rencontre de l’homme le plus simple du monde avec des incarnations d’idées politiques tels que Franco, Mao, Truman et De Gaulle.
Jonas Jonasson s’amuse ainsi grâce à son increvable expert en explosif à critiquer les dogmes politiques et religieux. Ainsi ce prêtre auto proclamé missionnaire en Iran, qui ne dormira pas tant qu’il n’aura pas converti au christianisme l’ensemble de la population. Allan Karlsson serait d’accord avec cet autre vieux papy qui chantait: Mourir pour des idées, l’idée est excellente/ Moi j’ai failli mourir de ne l’avoir pas eue/ Car tous ceux qui l’avaient, multitude accablante/En hurlant à la mort me sont tombés dessus. Et surtout avec sa conclusion: Mourons pour des idées, d’accord, mais de mort lente...
simonb
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le 10 mars 2013

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simonb

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