La schnouf de notre chère loque (San-Antonio style)

Un cocaïnomane monomaniaque passe ses soirées à classer les cendres de cigare. De temps en temps, un roi de Bohême passe le voir pour résoudre une affaire criminelle en toute discrétion. Notre drogué travaille avec la bénédiction de Scotland Yard et ses déductions sont considérées comme des preuves irréfutables par la justice de son pays. Pour oublier son célibat, il aime démontrer sa supériorité intellectuelle à son seul ami, médecin, totalement soumis aux humeurs de notre excentrique.

Arthur Conan Doyle invente un archétype en brossant son personnage principal de manière originale, gratifié de qualités hors norme, un don d'observation proche de l'omniscience, une faculté logique digne d'un ordinateur refroidi à l'azote liquide, contrebalancés par quelques défauts comme l'asociabilité et l'égocentrisme qui l'humanisent. Les autres protagonistes par contre n'ont pas le droit au même affinage. Est-ce inhérent au genre de la nouvelle policière ? Les protagonistes n'existent qu'au travers de l'intrigue, en dehors, leur consistance est souvent bien maigre. Le lecteur attend sagement que Monsieur Holmes ait la bonté de partager ses déductions, n'ayant pas en main tous les indices. Impossible donc de jouer avec lui. Arthur Conan Doyle a néanmoins le bon goût de varier les résolutions des aventures pour ne pas lasser le lecteur.

On notera une honnêteté exemplaire des justiciables à la fin du XIXème siècle, qui tous finissent par dire la vérité, éblouis sans doute par les conclusions géniales du détective. Je me suis pris parfois à imaginer les mêmes scènes transposées à notre époque, avec des criminels qui nient tout en bloc flanqués d'un avocat. La logique de Sherlock deviendrait une intime conviction, un faisceau de présomptions, subissant les contre-expertises qui infirmeraient ses arguments élaborés au coin de son âtre. Et au bout de dix procès qui auront vu le présumé innocent remis en liberté, ce narcissique de première sera peut-être plus enclin à la jouer collectif.

Ne soyons pas bégueule, les aventures de Sherlock Holmes se lisent passionnément à la grosse loupe.
Llywel
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le 30 juin 2014

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