Bizarrement sobre, étrangement enjoué, Jack. Ou devrais-je dire Ray? Alter ego bouddhiste de l'éternel vagabond, poète apaisé à la limite de l'épanouissement.
Manifeste sans prétention de l'errance salvatrice, œuvre mineure non dénuée de charme, les clochards célestes est un récit aussi bref que saisissant.
De bivouac désertique en fraude ferroviaire, la toile infinie de la solitude de Jack s'étend d'un bout à l'autre de l'Amérique perdue, un œil rivé sur l'orient, l'autre perdu dans les limbes contemplatifs de la nature souveraine.
La prose libre et déjantée de Kerouac se fait plus douce, sereine. Le poète, ivre de bouddhisme et de porto rouge, accepte enfin son existence terrienne, savoure les richesses illimitées des simples choses, témoin apaisé des petites merveilles qui sont tout.
À mille lieux d’obscurs prêches intéressés, Jack couche sur papier la rencontre fortuite d'une pensée millénaire et d'un siècle fou, glorifie inconsciemment et sans une once de bêtise la puissance de la réflexion et de l'âme humaine.

Si simple soit-il, ce petit morceau de littérature américaine ouvre quantité de portes. Telle est son inestimable valeur. Ses mots parleront à l'humain qui sommeille en chacun, enterré sous des siècles de civilisation. Ils lui rappelleront qu'il a voix au chapitre, qu'exister n'est pas qu'un terme galvaudé.

"J'ai le pouvoir de rappeler aux hommes qu'ils sont entièrement libres" écrivait Kerouac.
La suite appartient à chacun de nous.
-IgoR-
7
Écrit par

Créée

le 17 nov. 2014

Critique lue 1.1K fois

18 j'aime

3 commentaires

-IgoR-

Écrit par

Critique lue 1.1K fois

18
3

D'autres avis sur Les Clochards Célestes

Les Clochards Célestes
-IgoR-
7

Bouddha

Bizarrement sobre, étrangement enjoué, Jack. Ou devrais-je dire Ray? Alter ego bouddhiste de l'éternel vagabond, poète apaisé à la limite de l'épanouissement. Manifeste sans prétention de l'errance...

le 17 nov. 2014

18 j'aime

3

Les Clochards Célestes
TheMyopist
6

Le tram fantôme

Alors que j'étais en train de lire Les Clochards Célestes, j'ai passé une soirée avec un ami. La lecture étant une de nos passions communes, je lui ai naturellement parlé de mon expérience par...

le 11 déc. 2015

9 j'aime

Les Clochards Célestes
Rasp
8

Critique de Les Clochards Célestes par Rasp

Sincère, de très belles pages (notamment celles d'ascensions), une armature zen plus visible que dans Sur la route, un style toujours si particulier, si neuf. C'est si simple et si optimiste malgré...

Par

le 4 janv. 2012

8 j'aime

Du même critique

Les Lumières de la ville
-IgoR-
10

Big City Lights

Il est facile de réduire ce City Lights à sa bouleversante scène finale. Elle le vaut bien cependant tant elle se fait la synthèse de ce que le cinéma muet a de meilleur. L’absence de parole est...

le 3 avr. 2014

68 j'aime

13

The Big Lebowski
-IgoR-
9

De temps en temps y a un homme...

Avec ce film, j'ai découvert l’œuvre des frères Coen. Il reste à ce jour l'un de mes favoris. Jeffrey Lebowski (Jeff Bridges), qui se fait humblement appeler "Le Duc", est un fainéant de première...

le 24 nov. 2013

57 j'aime

13

Les Premiers, les Derniers
-IgoR-
8

Feu ! Chatterton

Un ciel sombre, chargé. Au travers filtre un mince rayon de soleil. Bouli Lanners pose l’esthétique qui habillera son film d’un bout à l’autre. Un poing sur la table. Puis il pose ses personnages. Un...

le 30 janv. 2016

56 j'aime

26